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DOSSIER - Pour boire du rhum, pour boire du rhum, je n’en ai pas encore bu! (chanson du Père Gédéon)

Version 1.5.26Samy Rabbat No Translation Prévisualiser01Déconnexion Site Menus Contenu Composants Extensions Outils Aide Prévisualiser Sauver Appliquer Annuler Aide Article: [ Éditer ] Titre DOSSIER - Pour boire du rhum, pour boire du rhum, je n’en ai pas encore bu! (chanson du Père Gédéon) Publié Non Oui Alias dossier-pour-boire-du-rhum-pour-boire-du-rhum-je-nen-ai-pas-encore-bu-chanson-du-pere-gedeon Page d'accueil Non Oui Section Catégorie [Toggle Editor]

Derrière cette boisson au nom évocateur de voyages dans les Iles, de fêtes arrosées et de drague coquine, se cache un univers socio-économique fort peu connu de ses nombreux amateurs, mais très intéressant.

 

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La carte des membres de WIRSPA

 

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Dr.Frank Ward, Directeur WIRSPA


Chacun de ses 15 pays membres vous propose une version authentique d’un produit qui, en parallèle de son offre touristique, vous fera découvrir une partie de son patrimoine et de sa culture.

Si l’élaboration du rhum est relativement nouvelle (17e siècle à la Barbade), l’arrivée de sa matière première dans les Caraïbes remonte au 15e siècle. Lors de son second voyage, ce serait suite aux conseils de sa belle-mère, que Christophe Colomb aurait apporté d’Espagne, la canne à sucre. Elle y trouva une généreuse terre d’adoption. Elle met de 10 à 16 mois pour être prête à être récoltée, et comme le climat est plutôt semblable à l’année, on peut s’assurer d’avoir un approvisionnement quasi continu.

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Voyage de cannes à sucre

 

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Extraction du jus de canne à sucre


Pour élaborer un rhum, il vous faut d’abord soit du jus de canne à sucre, (comme pour le rhum Barcelo, de République Dominicaine) ce qui donne le rhum agricole, ou une mélasse pour élaborer le rhum dit traditionnel ou industriel, que vous faites fermenter de 18 à 42 heures, selon une recette propre au producteur.Ca vous donnera un liquide avec 7-8 degrés d’alcool.

Puis on le distille jusqu’à obtenir 90 degrés. On a un alcool blanc très pur, qu’on va diluer avec une eau déminéralisé ou une eau de source, si le domaine a accès à une telle source, pour avoir environ 60-65 degrés. C’est ce produit qu’on va envoyer dans des fûts, des barriques ou des foudres de bois, au minimum un an. C’est après ce délai qu’il aura le droit de s’appeler rhum. Si la grande majorité de ces barriques viennent des producteurs de bourbon du Kentucky, on retrouve aussi des contenants ayant servi à l’élevage de Jerez, de type PX ou oloroso (chez Brugal),  du vin de Bordeaux, et parfois même des barriques neuves françaises (Séguin-Moreau), comme par exemple chez Barbencourt, à Haïti. Ensuite, on laisse vieillir selon le type de rhum qu’on veut élaborer. Puis on procède aux assemblages.

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Ligne d'emballage

 

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Tout voyage de presse doit avoir des tonneaux


Ce qui est fascinant, c’est qu’il fait si chaud dans les entrepôts, qu’une grande part des anges disparaît chaque année, et que le processus de vieillissement est accéléré. En comparant avec un producteur Ecossais (Macallan, jouissant d’un climat continental), un an dans les Caraïbes équivaut à un vieillissement de 4 à 6 ans en Ecosse. Au bout de 8 ans, on aura perdu de 70-100% du liquide dans le contenant.

Une des choses qui m’a le plus frappé pendant ce voyage d’apprentissage, c’est la conscience environnementale dont font preuve les producteurs rencontrés. Comme dans le domaine viticole, on se retrouve avec beaucoup de déchets végétaux solides, et d’eau usée qui pourraient facilement se retrouver non traités dans la nature. Nous ne sommes pas dans des pays riches aux moyens sophistiqués. Mais, j’y ai vu des trésors ingéniosité afin de transformer ces résidus en engrais, et de récupérer le CO2 produit (revendu à Coca-Cola, ou à des entreprises de parfums ou de glace sèche!). Même l’eau sale est bouillie et la vapeur fournit de l’électricité pour faire fonctionner la machinerie.
Alors quand on dit que l’énergie verte coûte cher, on a peut-être quelques leçons à apprendre de ces pays moins fortunés...Vraiment, chapeau pour l’effort et la volonté.

Il ne faudrait pas non plus, minimiser l’impact social que le rhum peut avoir dans les communautés. Certains producteurs emploient directement ou indirectement plusieurs milliers de gens, qui s’assurent ainsi de faire vivre leur famille. Pas  toujours richement, certes, mais avec une certaine stabilité. Plusieurs voient aussi à la relève à travers des bourses d’études ou en formant des enseignants. Si vous choisissez un rhum avec le logo de l’ACR (Authentic Caribeean Rum), c’est une façon facile et concrète de contribuer à cet effort collectif.

J’aimerais maintenant vous faire faire un tour des différents producteurs rencontrés lors de ce voyage enchanteur.

Commençons par St-Vincent Distillers, de l’ile du même nom. On nous propose une gamme premium avec d’abord le Sparrows 5 years old, aux notes de fruits tropicaux, qui est souvent servi avec soda, lime et campari.Puis, le Mutineer’s Gold, qui est un Reserve, de 8 ans,  plus riche, rond et chaud, avec des notes de caramel et de vanille.

De Grenada, Westerhall Rums, offre un Plantation Rum (5ans) aux notes de muscade et de canelle, qu’on boit volontiers avec du Ginger ale, ce qui lui donne une finale de chocolat blanc. Le 7 years old, lui est plus sombre et plus suave, sur des notes de guimauve et de moka.Long en bouche, on le sert un peu rafraîchi. Le 10 XO et le haut de gamme, très raffiné et long, sans sensation de chaleur finale. Peu produit.

On retrouve aussi Clarke’s Court, avec leur Old GROG (Georgius Rex Old Grenada) un rhum léger aux notes de fruits confits et de miel, qu’on boit volontiers avec du soda (Jamais de cola!) Ils ont aussi un Spicy rum et un overproof avec ses 69% d’alcool! Ça te désinfecte le palais en un instant, mais avec des notes fort agréables de cannelle et de laurier.

De Trinidad, Angostura offre des rhums plusieurs fois médaillés lors de concours internationaux.
Le 1919 offre un nez de banane et de miel, ainsi qu’une bouche fraîche et fruitée aux accents de pamplemousse. Surprenant et très facile à boire. le 1824, est un 12 ans aux notes de fumée et de chocolat, qu’on imagine boire avec un cigare.

Une originalité: Du seul pays qui n’est pas une île, Borgoe(fondé en 1882) propose des rhums du Suriname, situé près du Brésil et de la Guyanne Française, qui a de forts liens de parenté avec les Pays-Bas. Leur 8 years old, a des parfums de cerise et de chocolat au lait, et propose une bouche peu brûlante, peu sucrée et longue. On ne s’en lasse pas après quelques gorgées. Étonnant. Leur 15 ans single barrel, à un nez riche de confiture d’abricot, de tabac et de muscade. Très velouté, et très long en bouche.

De St-Lucia, Chairman’s Reserve, a une longue histoire à l’export. Le 5 ans a un nez intéressant de meringue et de raisin. Le Forgotten Casks (10ans) est fort, long et complexe avec des notes de bois blond. L’Admiral Rodney est inspiré du cognac, distillé semblablement et vieilli au moins 15 ans, il provient des meilleures barriques et a un nez de pêche, de cerise et de moka. C’est un rhum pour méditer.

D’Antigua, English Harbour m’a surpris. Plusieurs fois médaillé or et double or, ils utilisent un alambic en cuivre pour une distillation en continu. Pas le plus complexe, mais agréablement sans aucune sensation de brûlure, le 10 years old a un nez élégant de groseille, de verveine et une bouche souple de trèfle et de miel. Chaque année, il n’y a que 360 bouteille de 1981 de produit. C’est superbe avec des notes de plum pudding et de cacao noir. Ca fait très veille de Noël,devant la cheminée. Absolument aucune sensation de chaleur! Wow.

De Jamaïque,  Hampden Estate m’a le plus dérouté. Situé à 45 minutes  de Montego Bay, le domaine a été répertorié une première fois en 1750, le manoir a été construit en 1799. Il a été racheté du gouvernement jamaïcain en 2009 par la famille Hussey. Fermentés avec des levures indigènes et dilués avec de l’eau pure du domaine, certains de leur rhums ont plus de 1600 esters (utilisés pour la parfumerie). Rum Fire est absolument unique, avec ses notes de sauce Hoisin et de miso, ainsi qu’un soupçon de menthe. Le Gold a un nez semblable avec en plus des notes de raifort! Ils produisent aussi un Rum Fire Overproof, à 63%, dont une goutte suffit à aromatiser un cocktail. Pas pour les âmes délicates, mais incroyablement original.

J’ai aussi pu visiter les installations de certains producteurs qui m’ont permis de mieux connaître tout le travail qui va dans l’élaboration de ce riche produit.

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Ron Barcelo

En République Dominicaine, Barcelo, en association avec AFD, m’a semblé celui qui est le plus consciencieux de son impact tant social qu’environnemental. Ils offrent une bonne gamme de produit dont un Gran Anejo, avec une bouche d’umami, un Platinum, qui se veut une option pour les amateurs de vodka, et un Imperial 30th Anniversary, vieilli en partie dans des barriques d’Yquem et produit en quantité limitée, bien sûr.

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Playa Dorada, visite Brugal

 
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Pavol Kazimir, Ambassadeur Brugal

Chez Brugal aussi, on offre une grande gamme de rhums, et surtout on innove, toujours à l’affût des demandes du marché mondial. Net,sec et boisé sont les adjectifs qui vont bien au style Brugal.Le XV, élevé en partie dans des fûts de Xeres P.X., vise une clientèle jeune qui aime des arômes fruités et pas d’arrière-goût. Le Extra Viejo, est plus traditionnel avec ses notes plus boisées que fruitées. Le 1888 est élevé longtemps d’abord en barriques de bourbon, puis un autre 2 ans en barriques de Xeres Oloroso.Le nez est aussi charmant que complexe, et la bouche suave et fine, le rend facile à boire et surtout à déguster lentement.

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De gauche à droite: Thierry Gardère, Président de Barbancourt, Olivier de Maisonneuve, Neil Morris , Ambassadeur mondial de la WIRSPA


A Haïti, j’ai visité ce monument qu’est Barbencourt,fondée en 1862.M. Thierry Gardère qui est la 4e génération à diriger cette maison, nous a reçu pour nous faire déguster ses rhums et nous parler un peu de sa réalité après le tremblement de terre, et de l’expansion de Port-au-Prince, qui gruge le terrain de la canne à sucre. Son plus grand vendeur à l’export est le ***, qui se déguste en rhum sour, puis il y a le ***** Réserve Spéciale, vieilli 8 ans, avec des notes d’orange et de fruits tropicaux et une bouche assez dense, et le joyau, le 15 ans Estate Reserve, plus boisé et plus riche, avec des notes de vanille et de fruits secs, dont l’histoire est liée aux aléas du régime Duvalier.

Quel voyage des plus intéressants. Il y a tant d’identité et d’histoires avec chacun de ces producteurs et de ces pays. Ils offrent bien plus qu’une base à cocktail. Et cet éventail de style me permet de dire que pour tout amateur de spiritueux, un rhum, quelque part, a une parcelle de votre âme. Partez à sa recherche, et visitez l’important site www.wirspa.com.


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NOTE DE L'ÉDITEUR
Olivier de Maisonneuve était le seul représentant du Québec, parmi treize autres personnes du Canada et des États-Unis!

Lire la suite...Add CE Form ID de l'article: 4732 Etat Publié Clics 1915 Réinitialiser Révisé 7 fois Créé Lundi, 22 Juin 2015 14:50 Dernière modification Vendredi, 03 Février 2017 14:14 Paramètres - Article Auteur Pseudo de l'auteur Niveau d'accès Date de création 2015-06-22 14:50:52 calendar Début de publication 2015-06-22 14:50:52 calendar Fin de publication Jamais calendar Paramètres - Avancés Informations des méta-données AccèsWeb repose sur le logiciel libreJoomla!.

À propos de l' auteur

Diplômé sommelier-conseil de l’Université du vin de Suze-La Rousse, en France, j’ai commencé mon apprentissage du monde vinicole en suivant les cours Les Connaisseurs de la SAQ. Aujourd’hui, j’en suis devenu un animateur! Chroniqueur vins et alcools dans diverses publications, dont le magazine Fugues, je parcoure la planète pour mettre images et visages sur ces produits qui me font vivre tant d’émotions.