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Bordeaux : présentation du millésime 2022 par le CIVB avant la Semaine des Primeurs de fin avril

Bordeaux : présentation du millésime 2022 par le CIVB avant la Semaine des Primeurs de fin avril

Cela se murmurait dans le vignoble Bordelais mais maintenant c’est officiel, le millésime 2022 devrait être exceptionnel : avant la Semaine des Primeurs 2023 qui se déroulera du 24 au 27 avril en Gironde une présentation a été faite par le Comité Interprofessionnel  des Vins de Bordeaux (CIVB) afin de présenter le millésime 2022. Le temps chaud, sec et ensoleillé de l’été dernier a produit une grande année bordelaise mais avec une fois de plus, des volumes inférieurs à la moyenne.

Pour la troisième année consécutive, le volume de la récolte bordelaise est inférieur à la moyenne décennale, principalement en raison de la sécheresse qui a eu un effet majeur sur le rendement global du millésime 2022. S’ajoute à cela des événements climatiques extrêmes qui ont également frappé le vignoble entraînant des pertes importantes dans certains cas, notamment plusieurs nuits de gel dans la région début avril et des tempêtes de grêle extrêmes dans la nuit du 20 au 21 juin affectant plus de 10 000 hectares. En conséquence, les rendements produits sont inférieurs d’environ 11% aux moyennes décennales, à 4,1 millions d’hectolitres.

Le rapport du CIVB précise encore que les précipitations sur l’ensemble de l’année sont bien inférieures à la moyenne sur 30 ans, selon les données de Météo-France Direction Interrégionale Sud-Ouest de Bordeaux. Néanmoins, le mois de juin a été pluvieux avec  100 mm contre 70 en moyenne, tandis que juillet n’a vu que 3 mm contre 49 mm à d’habitude et qu’en août les précipitations ont été inférieures de 50%.

Les heures d’ensoleillement au printemps par rapport à la moyenne sur 30 ans ont été supérieurs avec entre autre un mois de mai  enregistrant 67 heures supplémentaires. Idem en été avec les mois de juillet et aout avec plus de 90 heures d’ensoleillement par rapport à la moyenne. Les pluies à la mi-août « ont insufflé une nouvelle vie aux vignes », a déclaré le CIVB, augmentant légèrement le volume des baies tandis que l’alternance de journées chaudes et de nuits fraîches a permis aux raisins d’atteindre « une maturité optimale ».

Cela a donné lieu à l’une des récoltes les plus précoces enregistrées dans la région. Les vendanges ont démarré 15 à 20 jours plus tôt que la normale. Cependant, les baies étaient parfaitement mûres et « dans un état sanitaire particulièrement bon au moment de la récolte ». Le temps doux était « idéal pour une cueillette sans hâte et à parfaite maturité », la cueillette se poursuivant jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Les raisins pour les crémants et les vins blancs secs sur les terroirs à maturation précoce ont commencé le 16 août, suivis des cépages pour les vins rosés dix jours plus tard. Les vendanges des cépages rouges ont commencé avec le Merlot des terroirs les plus chauds vers le 1er septembre et les conditions climatiques ont permis quatre à cinq passages successifs dans le vignoble jusqu’à fin octobre. « Les conditions idéales à fin septembre ont favorisé le développement du botrytis (pourriture noble) sur les raisins destinés aux vins liquoreux », indique encore le CIVB.

Les rouges quant à eux, selon le CIVB, sont « exceptionnels, avec des tanins parfaitement mûrs et pourtant sans alcoolémie excessive », avec un « fruité unique, soyeux et concentré sans être lourd ». Il a également noté que le potentiel de vieillissement des vins conçu pour la garde était « particulièrement prometteur ».

Dans le cadre de son rapport du millésime 2022, le CIVB a mis en avant le choix fait dans le vignoble qui « s’est avéré crucial pour résister aux nouveaux records climatiques établis en 2022 ». Il a souligné le retard de la taille pour limiter le risque en cas de gel tardif, l’enlèvement personnalisé des feuilles et le palissage pour protéger les grappes du soleil, l’enherbement pour permettre à la vigne de conserver la fraîcheur du sol, et l’utilisation de l’agroforesterie, en particulier en bordure des parcelles où les arbres peuvent agir comme des écrans solaires. « Toutes ces pratiques, combinées à une connaissance fine de leurs terroirs, ont permis aux viticulteurs de produire des raisins de grande qualité malgré les conditions climatiques difficiles », précise le CIVB, tandis que « les racines profondes des vignes bordelaises et leur résistance naturelle au stress hydrique ont également contribué à la bonne maturation des cépages.

Un rapport qui redonne le moral aux producteurs et devrait mettre l’eau ou plutôt « le Vin à la Bouche » des acheteurs professionnels et qui devrait promettre une Semaine des Primeurs très  actives. Reste à savoir, dès lors, quelles sera l’évolution des prix dans un contexte internationale tendu.  

Source : McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...