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Le "vrai" poids des investisseurs chinois dans les vins de Bordeaux

"Sud Ouest" a mené l'enquête et vous dévoile le nombre exact de propriétés viticoles détenues par des investisseurs chinois. Ils possèdent désormais plus de 2 % de la surface du vignoble girondin. Et les arrivées continuent.

Dans quelques décennies, les historiens feront leur travail. Mais une chose est sûre : ils retiendront l'arrivée tonitruante de la Chine dans l'univers viticole bordelais comme un événement unique.

La Chine, premier client des vins de Bordeaux à l'export

Non seulement l'empire du Milieu – parti de rien – est devenu à vitesse grand V son premier client à l'exportation (devançant les débouchés historiques comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne), mais de nombreux hommes affaires de Pékin, Shanghaï ou Canton sont venus investir en force du côté de l'Entre-deux-Mers, de la Haute Gironde ou du Médoc.

Le mouvement, commencé il y a une décennie, s'est accéléré ces dernières années. " Et il continue toujours ", rappelle un expert des transactions viticoles qui a deux dossiers chinois " sur le feu ".

Le cap des 120 propriétés est franchi

D'après nos calculs (il n'existe aucune statistique officielle et la majorité des arrivées se font dans la discrétion), le cap des 120 propriétés est désormais franchi. Et ce pour un total dépassant les 3 000 hectares de vigne, soit un peu plus de 2 % de la surface du plus grand département viticole du pays. C'est, de loin, le pays étranger le plus représenté. Pourquoi ce mouvement unique dans les vignobles du monde entier ?

" Parce que Bordeaux est la référence en termes de qualité de vin rouge, que beaucoup de propriétés sont à vendre et qu'elles sont souvent belles (pierre, tours…) ", pointe un expert. Mais aussi parce que les Chinois aiment les affaires – les bouteilles sont le plus souvent exportées dans leur pays – et cherchent à placer des capitaux hors de leur territoire. Ce qui intrigue parfois la justice française quant à leur origine.

Sur le terrain, deux tendances se dessinent. Les exploitations sont acquises dans des AOC aux tarifs accessibles (Bordeaux, Bourg, Blaye…) et les beaux lieux sont privilégiés. Ces néovignerons aiment se montrer comme des " châtelains " auprès des amis et des relations d'affaires. C'est un signe de réussite.

"Sud Ouest" a mené l'enquête et vous dévoile le nombre exact de propriétés viticoles détenues par des investisseurs chinois. Ils possèdent désormais plus de 2 % de la surface du vignoble girondin. Et les arrivées continuent

Dans quelques décennies, les historiens feront leur travail. Mais une chose est sûre : ils retiendront l'arrivée tonitruante de la Chine dans l'univers viticole bordelais comme un événement unique.

La Chine, premier client des vins de Bordeaux à l'export

Non seulement l'empire du Milieu – parti de rien – est devenu à vitesse grand V son premier client à l'exportation (devançant les débouchés historiques comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne), mais de nombreux hommes affaires de Pékin, Shanghaï ou Canton sont venus investir en force du côté de l'Entre-deux-Mers, de la Haute Gironde ou du Médoc.

Le mouvement, commencé il y a une décennie, s'est accéléré ces dernières années. " Et il continue toujours ", rappelle un expert des transactions viticoles qui a deux dossiers chinois " sur le feu ".

Le cap des 120 propriétés est franchi

D'après nos calculs (il n'existe aucune statistique officielle et la majorité des arrivées se font dans la discrétion), le cap des 120 propriétés est désormais franchi. Et ce pour un total dépassant les 3 000 hectares de vigne, soit un peu plus de 2 % de la surface du plus grand département viticole du pays. C'est, de loin, le pays étranger le plus représenté. Pourquoi ce mouvement unique dans les vignobles du monde entier ?

" Parce que Bordeaux est la référence en termes de qualité de vin rouge, que beaucoup de propriétés sont à vendre et qu'elles sont souvent belles (pierre, tours…) ", pointe un expert. Mais aussi parce que les Chinois aiment les affaires – les bouteilles sont le plus souvent exportées dans leur pays – et cherchent à placer des capitaux hors de leur territoire. Ce qui intrigue parfois la justice française quant à leur origine.

Sur le terrain, deux tendances se dessinent. Les exploitations sont acquises dans des AOC aux tarifs accessibles (Bordeaux, Bourg, Blaye…) et les beaux lieux sont privilégiés. Ces néovignerons aiment se montrer comme des " châtelains " auprès des amis et des relations d'affaires. C'est un signe de réussite.

Jack Ma, le milliardaire chinois multiplie les rachats

Ainsi, le milliardaire chinois Jack Ma, fondateur du géant du commerce en ligne Alibaba, a acquis cet été deux domaines viticoles de plus dans le Bordelais, qui appartenaient au magnat français du vin, Bernard Magrez. Le montant de la transaction, pour les deux domaines, Château Pérenne et Château Guerry, s'élève à près de douze millions d'euros.

En appellation Premières Côtes de Blaye, le Château Pérenne s'étend sur 64 hectares, avec une majorité de vignes en cépage merlot, et produit 500.000 bouteilles par an, en rouge et blanc. Quant à Château Guerry, c'est le plus ancien cru de l'appellation Côtes de Bourg, son vignoble remontant à la fin du 18ème siècle. Sur une vingtaine d'hectares, plantés principalement en merlot, cabernet-sauvignon et malbec, le domaine produit 84.000 bouteilles de vin rouge par an.

Jack Ma avait acheté un précédent domaine viticole bordelais en février, le Château de Sours, dans l'Entre-deux-mers, qui s'étend sur 80 hectares et comprend une superbe bâtisse du 18ème siècle.

Des investissements, sous contrôle public en Chine

Mais, aucun de ces investissements n'est le fruit de la seule initiative privée. Le Parti communiste chinois contrôle les réserves de change. Il a développé au niveau national et dans les provinces une série de fonds publics qui pilotent ces engagements.

« Tous ces capitalistes chinois sont soumis à un contrôle politique et nous manquons en France et en Europe de moyens de droit pour contrôler et réguler ces investissements », résume Philippe Delalande, économiste spécialiste de la Chine. Alors que les investissements en Chine ne peuvent se faire que via une entreprise chinoise.

Source: Sud Ouest.fr du 4 novembre 2016

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...