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Source: AFP Source: AFP

De tout petits volumes attendus pour les vendanges 2021 en France

Comme chaque année, le ministère de l’Agriculture publie ses prévisions sur les vendanges à venir en France. Elles s’annoncent historiquement faibles avec un volume qui ne devrait pas excéder les 35 millions hl de vins.

Alors que le sud, l’est de l’Europe et la Grande-Bretagne connaissent une canicule exceptionnelle, des records de chaleur ont été battus, en France, hormis au bord de la méditerranée, il n’a pas fait beau et cela perdure en ce début août. Les conditions ont même été particulièrement délicates depuis le mois de mai, où il pleut quasiment quotidiennement, faisant suite au gel de fin avril. Conséquences : la coulure et les maladies comme le mildiou ou l’oïdium  et le millerandage des grappes ont donné un cocktail désastreux qui a accentué les pertes. Il ne manquerait plus que les traditionnels orages du 15 août ne déversent des grêlons plutôt que de la pluie et cette année 2021 pourrait être un grand chelem des catastrophes agroviticoles

La production française de vin « serait historiquement faible, inférieure à celles de 1991 et 2017, concernées elles aussi par un gel sévère au printemps », annonce ce 6 août le Service de la Statistique et de la Prospective du ministère de l’Agriculture (SSP). Rappelant que ces premières estimations sont à prendre avec prudence, les vendanges ne commenceront que dans quelques semaines. L’administration avance dans sa note que « selon les estimations établies au 1er août 2021, la production viticole se situerait entre 32,6 et 35,6 millions d'hectolitres, soit un niveau inférieur de 24 à 30% à celui de 2020 ». Pour l’Appellation d’Origine Protégée (AOP), la baisse est estimée entre 14 et 15,5 millions hl de vins, soit  entre -19 à -26% par rapport à 2020. Pour l’Indication Géographique Protégée (IGP) les chiffres prévus se situent entre 8,9 et 9,7 millions hl de vins, soit -28 à -34%. Quant aux vins destinés à l’eau-de-vie, il est attendu entre 7,7 à 8,4 million hl de vins, soit -22 à -28%).

En faisant un rapide tour de France du vignoble, il est noté des dégâts de mildiou sur grappes en Champagne; la moitié d’entre elles présente des symptômes. En Alsace, les attaques devraient entraîner des pertes aussi assez lourdes : l’oïdium est également, tout comme le black-rot ou le botrytis  menaçant de surcroît. En Beaujolais, en Val de Loire, en Charentes, en Vallée du Rhône et dans le sud-ouest, le ministère de l’Agriculture décrit peu ou prou les mêmes symptômes avec des degrés d’impacts plus ou moins forts. Le cas de la Bourgogne et du Bordelais n’est pas évoqué par la note, mais ces deux secteurs sont tout autant concernés. À noter que le Languedoc-Roussillon souffre particulièrement, après avoir été très fortement touché par le gel, puis du mildiou fin juin, la sécheresse a fait son apparition, compliquant bien la tâche des professionnels. L’ensemble de ces conditions a mis sous pression les rendements du vignoble hexagonal.

L’Administration précise encore que « fin juillet, la plupart des vignobles présentent un léger retard de la végétation comparé à 2020, conséquence de températures estivales relativement fraîches. Pouvant revenir à des dates plus habituelles, les vendanges s’annoncent plus tardives que l’an dernier. En Alsace, région septentrionale, la floraison à la mi-juin accusait un mois de retard comparée à 2020. Dans le sud comme le  Languedoc, la végétation accuse un retard d’une semaine environ. »

En synthèse, les rendements attendus en 2021 se rapprocheraient de ceux de 1977 ou 1991, années où la récolte viticole avait été réduite par un gel destructeur et des précipitations estivales. Des années d’ailleurs qualitativement tout aussi décevantes. Une situation que les vignerons aimeraient éviter, les mois de septembre et octobre seront donc déterminants pour la qualité qui pourrait être le seul sauf-conduit de ce millésime 2021 bien mal engagé pour l’ensemble de la filière.

Source : McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...