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Taxe Trump sur les vins et spiritueux : les États-unis suspendent leurs sanctions pour quatre mois

Taxe Trump sur les vins et spiritueux : les États-unis suspendent leurs sanctions pour quatre mois

Le secteur du vin et des spiritueux français se réjouit de la suspension de la «taxe Trump» mais le bras de fer entre l’Administration Américaine et l’Union Européenne est loin d’être terminé.

Après avoir causé des centaines de millions d'euros de pertes pour les vins français, la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump s'oriente vers une issue favorable. Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les États-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC sur les aides publiques versées aux deux groupes. Ce bras de fer avait amené les États-Unis en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25% pour les vins et spiritueux, et de 15% pour les avions Airbus. En janvier 2021, Donald Trump avait ajouté de nouvelles taxes sur le vin en vrac et les spiritueux juste avant son départ de la Maison Blanche.

La France avait peu d’espoir que la situation évolue favorablement car l’administration Biden avait pourtant annoncé le 11 février le maintien pour le moment des taxes supplémentaires sur certains produits européens mais les négociations menées par Bruxelles et ses partenaires avec les États-Unis apportent un petit répit à la filière Vins et spiritueux. Ce répit sera court, toutefois, quatre mois.

L’Agence France Presse (AFP) reprend dans sa dépêche le fruit des négociations et publie les principales réactions satisfaites des décideurs de l’Hexagone. L’accord annoncé ce vendredi 5 février entre les États-Unis et l’Union européenne est une «première étape dans le processus de désescalade» commerciale, a salué le ministre français au Commerce extérieur Franck Riester.

«Nous allons maintenant travailler, avec la Commission et nos partenaires européens, pour parvenir dans les quatre mois à venir à un accord sur de nouvelles règles encadrant le soutien public au secteur aéronautique, qui soit conforme à nos intérêts et sans naïveté», a ajouté le ministre dans un communiqué. «Enfin, nous sortons de la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe, qui ne fait que des perdants», s’est félicité de son côté le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. «Je me réjouis pour nos viticulteurs français», a-t-il ajouté, alors que ces derniers ont fait les frais d’un conflit qui ne les concernait pas.

La taxe de 25% imposée en octobre 2019 par les États-Unis, premier marché pour les vins français, a coûté 500 millions d’euros à la filière en 2020. Une taxe ensuite étendue au cognac et à l’armagnac par Donald Trump en janvier 2021, juste avant de quitter la Maison blanche.

Cette trêve «va apporter un soulagement (…) aux exportateurs qui, depuis 18 mois, subissent ces taxes injustes issues d’un conflit qui leur est étranger», a réagi la Fédération française des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS) dans un communiqué.

Elle a appelé toutefois à mettre à profit «ces quatre mois pour trouver une solution définitive à cet interminable conflit sur l’aéronautique et ainsi sécuriser nos entreprises sur le marché américain». Même satisfaction du côté du Bureau national interprofessionnel du cognac, qui a dit attendre «beaucoup de ces quatre mois». «On a le sentiment que nos craintes ont été prises en compte et on espère que tout sera mis en œuvre pour sortir de cette situation absurde», a réagi Raphaël Delpech, son directeur général, auprès de l’AFP.

«Cette suspension qu’on demandait depuis des mois était attendue(…) Il faut que dans les quatre mois, le dossier soit réglé sur le fond et que la filière viticole ne soit plus l’otage d’un conflit qui n’est pas le sien», a pour sa part commenté Jérôme Despey, secrétaire général du syndicat agricole majoritaire FNSEA. Il a rappelé la demande de la filière de voir l’Union européenne «réparer le préjudice que le secteur des vins et spiritueux a subi depuis un peu plus d’un an», par le biais d’un fonds de compensation.

«Pendant cette période, la France a perdu des parts de marché au profit des Italiens et d’autres pays extra-communautaires, parce que les 25% des droits de douanes supplémentaires nous sortaient du marché», a souligné M. Despey, également président du conseil spécialisé viticulture de France AgriMer, organisme semi-public chargé des marchés agricoles, nous précise encore l’AFP dans sa dépêche.

Comme nous pouvons le constater, la filière respire un peu mais il ne s’agit que d’une bataille remporté, la guerre risque d’être encore longue et à l’issus des quatre mois rien ne dit que les Américains ne mettrons pas en place de nouvelles barrières douanières.

À suivre, donc…

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...