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Sauternes : le 1er cru classé Rabaud-Promis racheté par Jean Merlaut

Sauternes : le 1er cru classé Rabaud-Promis racheté par Jean Merlaut

Le discret négociant bordelais, propriétaire notamment du Château Gruaud Larose à Saint-Julien et des eaux minérales Abatilles, investit dans le Sauternais en reprenant le domaine de la famille Dejean, le Château Rabaud Promis.

À Sauternes, depuis quelques années, l’ambiance est morose, le vin d’Or ne se vend plus aussi bien qu’avant pour de multiples raisons. Ces derniers mois ont été l’occasion d’échanges entre quelques figures du vignoble comme Alexandre de Lur Saluces, qui reproche à certains propriétaires comme ceux du Château Lafaurie Peyraguey de dénaturer ses vins en voulant des associés à des recettes atypiques tel du vin chaud ou des cocktails. Mais pendant que le débat fait rage sur cette nouvelle mode entre les anciens qui se veulent gardien du temple, et les modernes qui voudraient bouleverser les codes, des transactions ont lieu dans le vignoble et pas des moindres.

Suite à cette opération, les commentaires vont bon train dans le village des irréductibles producteurs de liquoreux: « qu’un des grands négociants de Bordeaux s’intéresse à un grand cru de Sauternes est bien sûr une bonne nouvelle », a réagi Xavier Planty, président de l’ODG de Sauternes-Barsac. D’autant que Thomas Dejean « un des meilleurs vinificateurs de Sauternes », selon Xavier Planty, doit rester actionnaire et directeur de la propriété. Le journal Sud-Ouest, dans son édition Internet du 3 février, précise que Jean Merlaut n’est pas un inconnu dans l’appellation, puisqu’il a été le vinificateur d’un autre 1er grand cru de Sauternes, le Château Reyne Vigneau, il y a quelques années.

L’achat, selon le site Internet Terre de Vins, aurait été signé le 24 décembre, mais le montant de la transaction est resté confidentiel. Néanmoins, le journal Sud-Ouest indique que quelques points restent à finaliser avant une signature définitive. Un peu de suspens persiste, donc. Le Château Rabaud-Promis, situé à un kilomètre au nord d'Yquem sur la commune de Bommes, occupe le sommet de la colline de Rabaud, aux pentes douces et couvertes de vignes qui lui ont permis d'être classé Premier Cru en 1855. Il est produit du vin en ce lieu depuis le XVIIe siècle et c'était jusqu’à peu la famille Déjean qui en était à la tête. Adepte des innovations, elle fut la première à installer dans le vignoble de Sauternes un canon anti-grêle. Les vignes couvrent 33 hectares où domine le sémillon, un peu de sauvignon et des traces de muscadelle comme au Château Filhot, à quelques encablures de là. En effet, rare sont les propriétés à avoir de la muscadelle dans leur parcellaire. La famille revendiquait une viticulture raisonnée qui favorisait la biodiversité et le travail mécanique du sol. Une philosophie assez proche de celle du Château Gruaud Larose.

Les vins de Rabaud Promis bénéficient d’une vinification parcellaire. Ils sont réputés pour être des vins qui ne sont pas exagérément chargés en sucre, pour ne pas saturer les papilles. Ils produisent également un second vin, les Promesses de Rabaud-Promis. Tout un programme en période de crise…

Pour mémoire, le Château Gruaud Larose est une belle référence du Médoc. La famille Merlaut a repris ce 2e cru classé en 1855 en 1997, après que celle-ci soit passé dans les mains d’investisseurs institutionnels comme Alcatel Alsthom en 1993, permettant d’importants investissements, notamment pour la rénovation des chais. Les vignes couvrent 80 ha et sont plantées sur un sol de graves garonnaises sur sous-sol argilo-calcaire avec un encépagement de Cabernet-Sauvignon (61%), Merlot (29%), Cabernet-Franc et Petit Verdot (5% chacun). L’âge moyen des vignes est de 43 ans.

Que ce soit en France ou à l’étranger, la période des « transferts » à l’image du football reste très active. Les rumeurs actuellement ne manquent pas dans les différents vignobles de l’hexagone, à voir maintenant si elles se concrétisent ou non. Suspens!

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...