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Les vieux cépages bourguignons reprennent du service Crédit: AFP

Les vieux cépages bourguignons reprennent du service

Les deux cépages principaux et traditionnels en Bourgogne sont le chardonnay et le pinot noir. Mais depuis quelques temps poussent une cinquantaine d’anciens cépages de la région dont quelques pieds de gouais blanc, de chardonnay muscaté ou de gamay fréaux, entre autres.

En effet, selon une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) du 6 septembre, en Côte-d’Or, non loin de Beaune, des vignerons étudient d’anciens cépages qui pourraient aider un jour la Bourgogne à s’adapter au réchauffement climatique.

Les cépages «modestes,» noms donnés pour parler des cépages oubliés, qui ont presque tous disparus suite au phylloxera au début du XXe siècle, pourraient reprendre du service si les températures de notre petite planète bleue continuaient à augmenter. Le conservatoire d’anciens cépages bourguignons a été inauguré le jeudi 5 septembre sur le mont Battois, sur la commune de Savigny-lès-Beaune, par le Groupement d’Étude et de Suivi des Terroirs (GEST), une association fondée en 1995 qui compte aujourd’hui 120 vignerons, essentiellement de Bourgogne. «On a réuni l’ensemble des vieux cépages connus et encore accessibles qui ont été plantés en Bourgogne par le passé, mais aussi l’ensemble des cépages bourguignons actuels», explique Jean-Claude Rateau, viticulteur à Beaune et référent du projet.

L’intérêt du public est grandissant pour les vieux cépages et les professionnels en replantent sur l’ensemble de l’Hexagone. Mais les vignerons bourguignons, pour ce projet, ont surtout «cette grosse interrogation par rapport au réchauffement climatique», selon Jean-Claude Rateau. «Les deux générations qui vont suivre seront sans doute amenées à faire de gros changements dans l’encépagement bourguignon», d’où ce projet.

Sur cette parcelle située dans les Hautes-Côtes de Beaune, une cinquantaine de variétés, huit pieds par cépage, ont été plantées en 2016 pour être préservées et étudiées, en évaluant notamment leur adaptation au changement du climat.

Il n’y a pas urgence, pour les professionnels: en Bourgogne, les récents «millésimes chauds» ont donné des vins «plus gourmands, plus soyeux, plus colorés», décrit Jérôme Galeyrand, membre du GEST et viticulteur à Gevrey-Chambertin. «La vigne est une plante méditerranéenne, elle aime la chaleur, le soleil. À ce jour, les effets du réchauffement sont positifs» dans la région, abonde Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), qui soutient financièrement le GEST. L’évolution du climat «nous a servis sur la qualité de la maturation» du raisin. Mais à plus long terme, des craintes s’élèvent sur des degrés trop élevés, une perte d’acidité du vin ou encore sur le fait que des hivers plus doux ou plus brefs puissent conduire le cycle végétatif à reprendre plus tôt ou plus vite, exposant davantage la vigne aux gelées.

La vigne bourguignonne «est un marqueur du réchauffement climatique», avait indiqué fin août une étude réalisée notamment par des chercheurs de l’université de Bourgogne qui relevaient que les vendanges ont lieu «treize jours plus tôt en moyenne depuis 1988 par rapport aux six siècles précédents».

Le GEST, créé à l’origine pour comprendre le sol, se penche aujourd’hui sur la vigne. «La suite logique» alors que ses vignerons voient dans le cépage un «outil d’expression du terroir». «C’est l’essence même de la Bourgogne, souligne le président de l’association, Thibault Liger-Belair. Ce qu’on essaye simplement de faire ici, c’est de ne pas être pris de court, ajoute-t-il. Demain, on aura peut-être besoin d’un cépage avec un peu plus d’acidité, un peu plus de tension, peut-être avec des maturités un peu plus tardives».

Pour illustrer ce propos, Jean-Claude Rateau s’attarde sur le gouais blanc, parent génétique de nombreux cépages bourguignons. Un raisin «énormément planté au Moyen-Âge parce qu’il était très productif» mais abandonné car «au niveau qualitatif, il est acide, il est amer, il n’a aucun parfum».

Ces cépages pourraient servir à compléter, un jour, les variétés traditionnelles, pour tempérer certains défauts qui pourraient apparaître avec l’évolution du climat. Mais il n’est pas question de changer du tout au tout, préviennent les artisans de cette recherche. «Il faut que le Bourgogne reste du Bourgogne, avec sa fraîcheur, sa complexité, sa finesse, tout ce qui nous fait rêver dans un vin de Bourgogne et qui fait rêver nos acheteurs», conclut Jean-Claude Rateau.

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...