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Provence : le château du Galoupet devient propriété de LVMH

Provence : le château du Galoupet devient propriété de LVMH

Chacun attendait Moët Hennessy en Provence ou en parlait depuis quelques années vu l’évolution de la consommation. Leader sur le marché du cognac et du champagne, bien présent sur celui des mousseux, le groupe dispose aussi d'une large collection de grands vins, de Saint Emilion à la Napa Valley, en passant par l’Espagne, l’Argentine, l’Australie, la liste n’étant pas exhaustive. Alors, quand le rosé, dopé par une forte demande en France comme à l'étranger, consommé par une clientèle jeune, dans l'air du temps voir Bobo, continue de monter en gamme, l'arrivée - annoncée au second semestre 2019 - sur la côte méditerranéenne de cet acteur majeur du secteur ne surprend personne.

Le montant de la transaction qui devrait être finalisée d’ici la fin de l’année n’a pas été divulgué mais selon l’agence Reuters, elle devrait avoisiner les 30 M €. Une source proche du dossier a précisé à la presse qu’initialement le prix proposé était de 60 M €. Le château du Galoupet, l’un des 18 crus classés de Provence sans en être l’un des plus renommé, va donc bientôt rentrer dans le portefeuille du groupe LVMH de Bernard Arnault. Le domaine sur le littoral varois face aux îles de Porquerolles et Port Cros s’étend sur 165 ha entre palmiers, oliviers, pins parasols dont 72 ha de vignes d’un seul tenant produisant 90% de rosés, 5% de rouges, 5% de blancs. Environ les deux tiers de la production du domaine, l’un des plus grands domaines du Var, sont vendus sous l’étiquette Cru classé, le reste en IGP Var. L’encépagement est à majorité grenache, complété de mourvèdre, cinsault, syrah, tibouren, cabernet-sauvignon, caladoc, carignan, rolle, sémillon, chardonnay.

Terre de Vins, dans un article paru sur son site Internet, indique que le château du Galoupet, d’après les premières traces retrouvées sur le cadastre, daterait du règne de Louis XIVI. Ses caves enterrées du 17e témoignent encore de l’époque où il était la propriété des Chartreux de la Verne à Cogolin et abritent toujours les foudres dans lesquels sont vieillis les vins rouges. Les propriétaires actuels sont particulièrement discrets. Le domaine appartient depuis 1973 à une famille milliardaire d’origine indienne basée en Angleterre, celle du maharadjah Shivdasani. La famille a également été propriétaire, dans les années 80, du château Saint Jean de Villecroze, en Côtes-de-Provence et Coteaux Varois, revendu en 1993 et du château Vignelaure en Coteaux d’Aix au début des années 90.

Le domaine est géré depuis 2000 par la société Galoupet Wines Collections (environ 3 M€ de CA en 2017 selon Terre de Vins), dirigé par Clive Tucker. Il y a trois ans, d’importants travaux avaient été effectués pour doter Galoupet d’un caveau de vente de 250 m2 et d’une belle salle de réception sous une grande charpente face à la mer où l’AOC Côtes de Provence avait d’ailleurs fêté ses 40 ans au printemps 2017. Il a également bénéficié récemment de gros investissements de restructuration de la cuverie. La production, estimée à environ 480 000 bouteilles, est en grande partie commercialisée en grande distribution, notamment au sein de l’enseigne Casino.

À ce jour, la qualité de la production du château de Galoupet n'est pas à la hauteur de celle des autres domaines de l'entité Estates & Wines de Moët Hennessy qu'il est appelé à rejoindre et encore moins au niveau des crus du pôle LVMH Vins d'Exceptions, récemment créé et composé de Château Cheval Blanc, Château d’Yquem, Colgin Cellars et Clos des Lambrays. Mais Moët Hennessy peut envisager une montée en gamme de Galoupet sur les prochaines années, pour en faire une des propriétés phares de la Provence. Les amateurs savent bien que, il y a encore cinq ans, d'autres cuvées d'Estates & Wines, comme les vins de Newton, à St. Helena, en Californie, ou ceux de Numanthia, à Toro, en Espagne, manquaient de ce petit quelque chose qui en feraient des grands vins. L'intervention des œnologues maison a permis, en l'espace de quelques millésimes, de les améliorer sensiblement. Selon Laurence Berlemont, à la tête du Cabinet d'agronomie provençale, qui conseille une quarantaine de domaines dans la région, "il s'agit d'un très beau terroir, qui produit avec des rendements très réguliers, qui ne gèle pas, qui n'est pas grêlé et dispose d'une surface rare".

« Nous voyons l’arrivée de Moët Hennessy d’un très bon œil, indique Vitisphère dans son article reprenant les propos d’Éric Dusfourd, directeur de la cave coopérative de La Londe. C’est très positif pour l’image des vins de notre secteur. Aujourd’hui, de nombreux investisseurs sont présents en Provence, enchaîne le responsable. Les vignobles sont bien gérés et bien tenus. C’est l’essentiel. » Seul risque cependant que les coopérateurs soient tentés de leur vendre leurs raisins ou de leur céder des parcelles… « Pour l’instant, nous n’y avons pas été confrontés », souligne Éric Dusfourd, même si du côté du Syndicat des Jeunes Agriculteurs cela fait déjà plusieurs années que le signal d’alarme est tiré. La montée des prix des reprises rend difficile les installations familiales pour un jeune vigneron indépendant.

Source : McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...