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Les Saints de Glaces : mythe ou réalité?

Les Saints de Glaces : mythe ou réalité?

Le week-end des 5 et 6 mai derniers a donné des sueurs froides aux vignerons de la France septentrionale et dans le Bordelais, rappelant que jusqu’à la mi-mai, tout danger de gelées n’est pas écarté. Zoom sur ces fameux « Saints de Glaces » qui, quasiment chaque année, font la une de l’actualité agro-viticole en France.

Le site Internet d’information sur le monde du vin, Terre de Vins revient sur les Saints Glaces et sur l’épisode de froid qui a traversé l’Hexagone le week-end dernier. Connaissez-vous ces prénoms: Mamert, Pancrace, Servais, Boniface? Quelque peu désuets aujourd’hui, voire oubliés pour certains, ils évoquent néanmoins dans la mémoire agricole les Saints de Glaces (11-12-13-14 mai) où des gelées printanières peuvent encore se produire, causant des dégâts considérables sur les jeunes feuilles tendres de nos vignes ou de nos arbres fruitiers.

Mais cet épisode n’est malheureusement pas le premier cette année, un précédent coup de froid avait eu lieu du 12 au 14 avril et avait déjà eu des répercussions dans plusieurs régions. Le refroidissement de ce week-end (il a fait -0,6 °C à 5h à Reims, -1,0 °C près d'Angers, -0,1 °C à Mont-de-Marsan, 0,4 °C à Gujan-Mestras près de Bordeaux) a ravivé les craintes des professionnels avec quelques jours d’avance. Les vignerons ne seront sereins que lorsque la mi-mai (voire la fin mai pour l’Alsace) sera passée. En effet, aujourd’hui encore, les vignerons ne négligent pas les vieux dictons, nés de l’observation dans les champs et les vignes: « Saint-Pancrace, Gervais et Boniface souvent apportent la glace ». « Quand la Saint-Urbain est passée, le vigneron est rassuré ».

En revanche, ne cherchez pas ces saints sur le calendrier. Lors du Concile de Vatican II de 1960 sous le contrôle de Jean XXIII, l’église catholique les a bannis, estimant que ces croyances populaires donnaient lieu à des réminiscences païennes. Ils sont désormais remplacés par Sainte-Estelle, Saint-Achille, Sainte-Rolande et Saint-Matthias.

Soucieuse ou non des proverbes, la météorologie reconnaît elle aussi qu’il peut statistiquement se produire une période de températures gélives jusqu’à la fin mai. Les astrophysiciens, eux, ont remarqué que l’orbite de la terre traverse la mi-mai (et la mi-novembre) une zone du système solaire particulièrement chargée en poussières et que ces particules peuvent faire légèrement obstacle au rayonnement solaire, se traduisant par une perte de chaleur, surtout la nuit. Terre de Vins nous indique encore qu’en Alsace, où les gelées peuvent encore survenir jusqu’à la fin mai, Saint-Urbain (25 mai) est lui aussi associé aux Saints de GlaceS. Dans le Midi, c’est plutôt en avril que se situent les risques, et on évoque les « saints cavaliers », Saint-Georges, Saint-Marc, Saint-Eutrope et Saint-Philippe (respectivement 24-25-30 avril et 3 mai).

Donc encore deux à trois semaines de tensions avant que les vignerons puissent faire un premier bilan de ce printemps quelque peu capricieux. Mais la saison ne sera pas finie pour autant, car après le gel peut venir la grêle, avec des épisodes orageux qui peuvent se révéler dangereux pour la production viticole, comme ceux autour du 15 août, puis peuvent survenir les pluies pendant les vendanges. Un beau métier que celui de vigneron, mais il faut avoir un cœur bien accroché et une foi en la providence… Mais à quels saints devons-nous donc nous vouer pour avoir une saine et belle récolte? A Saint Vincent, sans nulle doute… Le saint des Vignerons.

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...