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Une nouvelle réglementation pour les Crus Bourgeois

Une nouvelle réglementation pour les Crus Bourgeois

À Bordeaux, s’il existe un classement qui n’a quasiment jamais évolué, celui de 1855, créée grâce à Napoléon III pour l’exposition Universelle de Paris à cette époque, deux autres classements plus récents n’en finissent plus d’encombrer les tribunaux et de diviser la profession : celui de Saint Emilion et celui des Crus Bourgeois du Médoc. Mais pour ce dernier, une solution est peut-être en vue.

Ce 26 octobre 2017, après l’Assemblée Générale des Crus Bourgeois, Olivier Cuvelier ne cachait pas sa satisfaction : « Aujourd’hui, nous parlons d’une seule voix. La porte d’une nouvelle procédure de classement a été ouverte par les adhérents. » En effet, l’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc qu’il préside a voté  à 79 % des suffrages exprimés pour adopter le plan de contrôle d’un classement 2020 devenant quinquennal (pour les millésimes 2018 à 2022) et passant à trois niveaux (Cru Bourgeois, Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel). Mettant un terme à la reconnaissance annuelle qui existe depuis 2010 (pour le millésime 2008), ce vote permet à Olivier Cuvelier d’achever le chantier lancé en 2011 par son regretté prédécesseur, Frédéric de Luze. Ce classement ressemblerait à celui de 2003 mais il se veut plus simple car il concerne principalement la dégustation.

Olivier Cuvelier précise encore que le projet de classement quinquennal est désormais complété, et précisé, par un plan de contrôle (suivi par Qualibordeaux Certification).

Quelques précisions sur le  nouveau cahier des charges

Sur le site d’information Vitisphère un encadré résume les principales innovations du nouveau texte qui sera présenté au Ministre de l’agriculture afin qu’un décret puisse être publié au plus vite. Si les millésimes 2016 et 2017 seront encore soumis à la méthode de sélection annuelle (via une dégustation), les Crus Bourgeois passeront au classement quinquennal dès le millésime 2018 (à partir de dégustations sur cinq millésimes commercialisés). Dans la pratique, une mesure transitoire sera mise en place pour le premier classement de 2020 : les propriétés ayant obtenu la mention Cru Bourgeois sur un minimum de cinq millésimes durant les huit sélections précédentes pourront d’office revendiquer le niveau de base. Pour revendiquer les mentions supérieures (Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel), il sera cependant obligatoire de passer par une dégustation et de déposer un dossier, qui conduira à des visites contrôles précise Vitisphère. Contrairement au projet présenté il y a deux ans et refusé par l’assemblée Générale à l’époque, le système s’articule principalement sur la note donnée à cinq millésimes dégustés à l’aveugle. « La seule porte d’entrée, c’est la dégustation. C’est ce qui donne une idée de la qualité réelle d’une propriété » martèle Olivier Cuvelier, qui ajoute que « ce n’est pas important d’avoir tel pourcentage de barriques neuves ou tel accueil œnotouristique. Les dossiers seront étudiés par des experts dans la logique qualitative de production de chacun. » Enfin, deux contrôles inopinés seront réalisés pendant les cinq ans que dure le classement.

Pourquoi revenir à un classement avec trois catégories ?

Le message principal que veut faire passer l’Alliance des Crus bourgeois est le suivant : le nouveau classement quinquennal a l’ambition de faire gagner en lisibilité et attractivité la catégorie. « Le passage au rythme annuel et à une seule catégorie a conduit à un affaissement du prix moyen des crus bourgeois » souligne Olivier Cuvelier. « Il faut refonder une pyramide de crus bourgeois, avec des prix positionnés juste en dessous des grands crus classés en 1855 » annonce le négociant, qui ne cache pas son désir de voir revenir les prestigieuses propriétés médocaines ayant quitté l’Alliance après l’annulation du classement de 2003. « Nous sommes ouverts à tous. Si l’on pouvait revoir les crus bourgeois exceptionnels de l’époque, ce serait un plus pour tous » conclut-il.

Néanmoins, l’épisode judiciaire qu’avait entraîné le classement de 2003 en a sans doute refroidit plus d’un et nous pouvons nous interroger sur le véritable intérêt que pourrait avoir un Margaux, Saint-Julien ou Saint-Estephe à passer sous les fourches caudines de ce nouveau classement ? D’autant que ceux qui ne seront pas retenus auront toujours la possibilité d’attaquer la décision. Le suspens ne fait que commencer ! A suivre, donc…   

Source: Info-Viti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...