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Mas de Daumas Gassac: une vente en Primeur historique

Mas de Daumas Gassac: une vente en Primeur historique

Alors que la campagne des Primeurs débute bientôt dans le Bordelais (du 2 au 6 avril), le plus « médocain » des domaines du Languedoc fait un carton depuis quarante ans grâce à ce système de commercialisation en réservation Primeur.

La campagne 2016 atteint des records historiques, avec 100% de la production vendue en deux mois, avant la mise en bouteille.

C’est une spécialité de Bordeaux depuis le XIXe siècle, pratiquée aussi par les Bourguignons. La vente en réservation Primeur, apanage des grandes propriétés viticoles qui ouvrent à la réservation leurs vins – à condition qu’ils présentent de sacrées aptitudes à la garde – avant la mise en bouteille, est aussi l’affaire des Languedociens.

Plus exactement d’une propriété viticole, le Mas de Daumas Gassac dans la vallée d’Aniane (Hérault) qui a bâti son succès sur ce mode de commercialisation. Il a été mis en place au domaine en 1978 avec la vente du premier millésime. Un cas d’école sans équivalent dans le sud de la France pour ce vin IGP Saint-Guilhem-le-Désert-cité d’Aniane (après avoir été longtemps vin de table puis Vin de Pays), confirmé par le succès de la dernière campagne de vente en primeur du Mas de Daumas Gassac. Ainsi, la totalité de l’offre rouges (110 000 cols sur le millésime 2015) et blancs (60 000 cols pour le 2016) a été vendue en deux mois.

« Nous avons enregistré une hausse des demandes de 20% en septembre et novembre dernier », annonce Roman Guibert, à la tête depuis 2009 de la propriété familiale avec ses frères Samuel, Gaël et Basile. Pour répondre à la demande, les réservations ont été plafonnées, aussi bien pour les professionnels que pour les particuliers (à 50/50 de la commercialisation) sur les marchés français et export (40/60).

Un modèle mis en place en 1978

Le modèle est clairement inspiré du système bordelais mais paradoxalement, il est né dans la vallée du Gassac dans un contexte économique de crise. « Au démarrage du domaine,il a été très compliqué de se faire connaître avec un vin sans appellationqui n’avait pas d’antériorité et donc souffrait d’un déficit d’images sur les millésimes, provenant qui plus est d’une région qui n’était pas porteuse », explique Roman Guibert.

C’est le fondateur du Mas de Daumas Gassac,le regretté Aimé Guibert, qui optera pour ce système original dans un pari un peu fou avec l’avenir. « Notre père, avant d’être vigneron à Aniane, était industriel dans le cuir en Aveyron, grand amateurs de vins de Bordeaux et client coutumier de ce mode d’achat, précise Roman. Il s’en est inspiré pour écrire un courrier à ses amis, à ses contacts et c’est ainsi que s’est vendu le premier millésime ».

Des vins de plus en plus rares

Si l’offre en Primeur permet, à Bordeaux, à l’acheteur de réaliser une économie en achetant un vin entre 10 et 30% moins cher que lors de sa sortie deux ans plus tard, la décote dans le cas des vins du Mas de Daumas Gassac, est de plus de 43% : vendue 21 € en primeur en rouge comme en blanc, la bouteille de Daumas Gassac est ensuite commercialisée 33 € après la campagne, quand il reste du vin à la vente.

Hors, la rupture de stock de cette campagne 2016 aura, pour les amateurs, des conséquences évidentes : « Ce rouge 2015, il n’y en aura plus, le seul millésime actuellement vendu au domaine étant le 2013, à 35 € la bouteille, annonce Roman Guibert. Aujourd’hui, un Daumas Gassac rouge 1992 est proposé chez Guy Savoy (trois étoiles Michelin à Paris) à 450 € la bouteille. On peut acheter du 2000 à la propriété, à 120 € la bouteille.

Mais au-delà des placements boursiers, l’offre en Primeur permet de se procurer des vins rares qu’on ne trouvera plus à la vente ensuite. Le Daumas Gassac rouge 2015 était, à cet égard, historique. C’est le dernier millésime réalisé du vivant d’Aimé Guibert, disparu le 16 mai 2016. Nul doute que ceux qui dégusteront ce millésime, lui tireront leur révérence.

Source: Terre de Vin


Media

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...