samedi 20 avril 2024
Cong-Bon Huynh

Cong-Bon Huynh

Il a été chef exécutif, chef corporatif, et maintenant chef enseignant. Mais il préfère se présenter tout simplement comme un cuisinier. Car pour lui, c'est le vrai titre pour quelqu'un qui vit avec la passion de la cuisine, dans son sens le plus large qui allie l'action de se nourrir avec les dimensions culturelles et sociologiques. Maîtrisant la cuisine occidentale aussi bien que la cuisine orientale, il est depuis les 15 dernières années, enseignant dans différentes grandes écoles hôtelières à Montréal, s'occupant minutieusement de la relève pour la cuisine au Québec. Lire la suite...

J’ai eu le privilège hier d’assister au visionnement de presse des 2 premiers épisodes de l’émission « Les Chefs! – L’affrontement, saison 2024 » et d’après la réaction des médias, ce sera une saison bien excitante qui s’en vient. Et pendant la table ronde et entrevue avec les acteurs principaux, réalisateurs et concepteurs de l’émission, les journalistes des grands médias ont posé plein de questions sur les candidats, sur les recettes et les thématiques des épisodes qui s’en viennent.

Cette saison, les candidats sont les ex-candidats qui ont déjà participé à l’émission dans le passé. 12 saisons, dont 12 candidats qui représentent chacun une saison. On parle d’ici des candidats qui après leur passage à l’émission ont progressé dans leur carrière. Tous ont une brillante situation professionnelle. Un tel est devenu chef, un tel est devenu enseignant dans une école hôtelière, une autre chef-exéc pour une chaîne nationale majeure, etc. Je crois deviner que les concepteurs de l’émission ont misé sur la thématique de l’expérience, de vécu, de techniques avancées des candidats participants du passé qui ont gagné avec les années. Une très bonne idée, je trouve.

S’en suivent les questions des journalistes sur les détails des épisodes, est-ce que les candidats sont plus performants, le défi de friture est-il bien rendu selon l’ordre de présentation des assiettes, etc. Vraiment des précisions du quotidien des épisodes…

Dans mon coin, la pensée que j’ai eue à ce moment-là est plutôt le rôle qu’a joué l’émission Les Chefs! dans le monde télévisuel et dans la société. À travers les années, c’est indéniable que grâce à cette émission, le public a pu rentrer dans la cuisine professionnelle et connaître le monde de la cuisine, et aimer d’amour ses acteurs en veste de cuisine et leurs tabliers. L’émission Les Chefs! est sans aucun doute un entremetteur formidable entre l’amateur et le pro.

Aussi grâce à l’émission comme levier, les candidats après avoir passé par l’émission ont eu des opportunités fantastiques de progresser dans leurs carrières. Et maintenant plusieurs ont eu en plus des connaissances culinaires avancées, des responsabilités d’entrepreneurs, d’hommes et femmes d’affaires pour des maisons prestigieuses dans le milieu de la restauration. Sans parler que certains maintenant sont enseignants dans de grandes écoles hôtelières ou gagner, grâce à leur savoir-faire des prix des concours mondiaux. Alors ensemble, de leur côté, ces ex-candidats ont contribué à leur façon, à l’avancée et au rayonnement formidables de la restauration et de la gastronomie du Québec.

Reste que l’émission Les Chefs! est une émission de compétition culinaire d’adresse et de vitesse qui plaît énormément au public et j’ose espérer que dans cette saison, les chefs juge (oui, je reconnais que dans le déroulement des épisodes au rythme effréné, l’utilisation d’appeler les candidats par leur prénom allège la communication, mais…) au moins une fois parmi tous les épisodes, appellent les candidats de cette saison « CHEF », en retour les milliers de fois que les candidats les ont adressés respectueusement avec le terme « Chef! ». Car ils le sont vraiment et ils le méritent de cette considération.

Des fois reconnaître que les disciples peuvent dépasser le maître, est signe d’être un vrai maître.

Photos de groupe des candidats et les chefs jugePhotos de groupe des candidats et les chefs juges

Pendant le visionnementPendant le visionnement

Table ronde avec journalistesTable ronde avec les journalistes

Dégustation de la gamme de poissons 100% végétalien et sans allergènes de WOOP4.

Quand un nouveau produit végane est lancé sur le marché, deux approches sont généralement utilisées.

La première se présente de la façon suivante : « Goûtez-moi, je suis un produit qui ressemble énormément au produit de viande que je suis supposément être. Je suis cette viande, mais il n’y a pas de viande en dedans de moi. Je suis une imitation parfaite de cette viande, mais je suis pour le monde végétalien! »

Et la deuxième approche : « Vous êtes végane? Alors, goûtez-moi. Je suis vraiment pour vous, un produit unique qui fait honneur à la cuisine végétalienne. Végane à 100%, « indépendant », c’est-à-dire aucunement besoin de dire ou à ressembler à quoi que ce soit au monde de la viande, et vraiment fier de l’être! »

Dernièrement l’entreprise WOOP4 a lancé sa gamme de produits de poisson 100% végétaliens et sans allergènes. La gamme complète offre des « poissons » de type saumon, saumon fumé, thon, piranha tropical et mahi-mahi.

L’entreprise précise que ses produits ont le goût du poisson, mais sont en réalité à base de plante, et sont aussi sans allergènes de poissons, de fruits de mer, de soja, de gluten, d’arachides, de noix, de produits laitiers, d’œufs, de sésame ou de moutarde. Ce qui devait réjouir certainement les personnes avec des allergies ou les amateurs véganes de sushis, de tartares ou de pokés.

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J’ai eu l’opportunité de faire une dégustation des produits WOOP4 avec mes étudiants apprentis-chefs, récemment. En sortant les produits de leurs emballages, nous avons été séduits par l’aspect visuel des pièces de poisson. Ça ressemble effectivement à s’y méprendre aux types de poissons indiqués. La texture est ferme comme un poisson fraîchement pêché, qui permet des découpes franches et précises, ce qui est un grand avantage si on désire faire des sashimis ou des tartares.

Les différents arômes de poisson qui sont ajoutés dans ces produits à base de plantes suggèrent fortement le type de poisson que chaque produit tente d’imiter. En passant, on y voit sur l’emballage un slogan disant « Ce poisson n’a jamais appris à nager! ». On ne peut qu’être d’accord avec cette affirmation de nature légèrement humoristique.

Concernant le goût, plusieurs étudiants de ma classe de cuisine trouvent que les produits ont beaucoup de potentiel. Avec d’autres recherches en laboratoire qui pourraient être faites dans le futur, l’équilibre sera certainement à son optimum, diminuant un aspect quelque peu gélatineux non-naturel qu’on y trouve présentement.

Après les dégustations organoleptiques et visuelles, la discussion s’est davantage dirigée vers l’appellation du produit. En effet, si WOOP4 se veut être une entreprise innovante et pionnière, alors beaucoup de mes étudiants se sont posé la question sur le positionnement du produit.

On a vu, au début de ce texte, les 2 orientations possibles de positionner les produits véganes, et… la plupart des étudiants ont vu plutôt que si un produit est innovateur, il n’a pas besoin de prendre l’orientation « imitation ». Il doit se présenter lui-même, fier de ce qu’il est. Par exemple, on aurait réussi à faire penser aux consommateurs que WOOP4 est égal à plantes, égal à top-of-mind végane.

La notion de « poisson » disparaitrait, et WOOP4 posséderait un nom commun générique aussi fort que tofu, sans à avoir à dire qu’il ressemble à quoi que ce soit. Le consommateur dirait une phrase comme : « Ahhh, je vais mettre du WOOP4 dans ma recette, et c’est tellement bon! »

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dimanche, 29 octobre 2023 12:19

La viande de phoque, la connaissez-vous?

« Cré-moé, cré-moé pas… »

Les mythes sur la viande de phoque semblent parfois bien tenaces, mais selon des sources comme Canadian Seal Products ou SeaDNA :

  • Les chasseurs ciblent les phoques adultes et non des bébés phoques qui sont encore sous la protection de leurs mères.
  • La chasse à l’aide d’un hakapik (gourdin) est le moyen le plus efficace et rapide que les méthodes d’abattage utilisées dans les abattoirs commerciaux, lesquelles sont acceptées par la majorité de la population.
  • La chasse aux phoques est l’une des chasses aux animaux les plus encadrées au monde. La GRC, la Police provinciale du Québec, la Garde côtière ainsi que le MPO (Pêches et Océans Canada) travaillent de concert pour faire respecter le Règlement canadien sur les mammifères marins.

Source : Mythes et réalités | SeaDNA Canada

On semble tous avoir des méconnaissances sur la viande de phoque, moi y compris, jusqu’à ce que le mercredi 18 octobre dernier, à l’ITHQ (Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec), j’ai eu l’opportunité d’assister au lancement du film « Du Phoque au menu » du réalisateur Guillaume Lévesque, des productions Tapis Rouge Films.

Guillaume Lévesque réalisateur du film

Le film propose une discussion sur la possibilité d’utiliser cette ressource inexploitée et de consommer cette viande aux grandes qualités gastronomiques et nutritionnelles. Des propos tirés de ce documentaire portent certainement à la réflexion :

  • « La population des phoques est en surnombre et ça se représente une prédation sur plusieurs autres espèces de poissons… »
  • « Protéger ou honorer les phoques, ce n’est pas juste une question de les regarder, mais s’assurer que la population est en bonne santé et qu’on puisse s’en servir comme bonne ressource… »

En plus, de nos jours, où on fait bien attention de se demander de quoi sont nourries les viandes qu’on consomme, s’il y a des hormones ou des antibiotiques dans la nourriture des viandes qu’on mange, etc., alors que les phoques se nourrissent seulement des poissons qui sont dans la nature. C’est donc un argument bien intéressant à retenir!

Concernant le goût de cette viande, à cette conférence, le chef Benoit Lenglet, chef et enseignant à l’ITHQ, a concocté pour l’audience présente des bouchées où le phoque était à l’honneur. J’ai constaté que les personnes présentes étaient bien d’accord que la viande de phoque a un grand potentiel, qui mérite une place de choix sur toutes les tables.

Amuse gueule de phoque créé par chef LengletAmuse-gueule et assiette de phoque créés par chef Lenglet

Chef Benoît Lenglet

J’ai quitté la conférence, heureux de découvrir un bon et noble ingrédient, et tout à coup, une musique me vient à l’esprit, qui me fait chantonner :

Ça vaut vraiment la peine
De laisser les choses qu’on aime
Pour aller goûter
Des choses différentes… et délicieuses.

*Le film « Du Phoque au menu » sera diffusé sur ICI Télé dans le cadre de Doc humanité, le samedi 4 novembre 2023 à 22h30 (23h30 HA) et sur ICI TOU.TV

Depuis quelques semaines, dans plusieurs écoles hôtelières à travers le Québec se déroule la première étape des Olympiades culinaires régionales. Il y a eu de très belles réalisations de la part des élèves participants. On a vu publiées sur les différentes pages des écoles organisatrices de belles assiettes avec les photos des gagnants. Bravo à vous!

Cependant, mon message d'aujourd'hui s'adresse plutôt à tous ceux et celles qui ont terminé au 4e, 5e, 6e rang, etc., c'est-à-dire ceux qui n'ont pas eu l'opportunité de recevoir l'une des trois médailles. Pour vous dire que je pense beaucoup à vous et que je suis solidaire avec vous.

J'ai vécu une situation semblable dans ma jeunesse. Dès l'annonce du résultat, je ressentais comme un coup de poing au coeur. Je ressentais un vide, une déception, une peine d'amour, un doute, une remise en question: est-ce que j'ai de l'avenir dans ce métier de cuisine que j'ai choisi? Autour de moi, les gagnants sautaient de joie, se faisaient photographier, et moi, dans mon coin, je n'avais même le sentiment de haïr cette assiette dans laquelle j'avais mis tant d'efforts à pratiquer, les soirs de fins de semaine. Une assiette dans laquelle j'avais mis tant d'amour et elle m'a trahi pour m'abandonner dans cette course à la plus haute marche du podium. Alors voyez-vous, j'ai ressenti ce que vous avez ressenti. Je vous ai vu dans un coin, la semaine dernière...

Je voulais aller vous voir, mais je crois qu'à ce moment-là, il vaut mieux que vous vous pansiez votre tristesse dans votre tête et votre coeur, en intimité, vous et votre enseignant-entraîneur. Avec le recul, permettez-moi de vous dire ceci :

Vous n'avez rien perdu dans ce concours. Vous avez plutôt gagné. Oui, vous avez gagné dans l'apprentissage d'encaisser un coup, un revers. Ce qui vous permet de vous rebâtir pour devenir plus fort dans l'avenir. Votre armure, votre carapace s'est épaissie, et cela, cette carapace-là...

Cette armure sera votre meilleure assiette pour devenir gagnant dans le concours de réussir votre carrière de cuisinier. Allez retrouver votre sourire! Ne doutez pas de votre talent et continuez, foncez vers l'avenir.

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Source photos: publication Facebook de Compétences Québec, sur le retour en photos sur la compétition en Cuisine qui a réuni 8 compétiteurs de Montréal

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mardi, 27 décembre 2022 16:00

En servant mon repas de Noël...

C'était l'époque à laquelle mon père vivait encore, il y a 10 ou 15 ans. Mes enfants avaient à ce moment-là 4 ou 5 ans. Lors des soupers de famille, quand mes enfants arrivaient chez mes parents, mon père demandait à mes enfants ce qu'ils aimeraient mettre comme garniture dans leur bol de ramen. Puis, il énumérait la dizaine de choix possibles : boeuf en languettes, porc effiloché, crevettes, champignons enoki, etc. Mon père voulait laisser toute la liberté à mes enfants de 4 ou 5 ans de décider de ce qu'ils voulaient manger.

Mais moi, je n'étais pas content, vraiment pas, contre mon père. Mes enfants, je voulais absolument qu'ils mangent ce que je leur mettais dans leurs assiettes. Pas de choix possible, tu manges tout ce qu'il y a dans l'assiette, point final, pas de choix perso. Et c'est non négociable. Car je voulais que mes enfants soient le plus ouverts (et respectueux) envers la nourriture. Si c'est du homard, il faut en manger. Si c'est une huître ou un escargot, allez hop, goûtez et mangez sans discuter. Si c'est juste une pomme de terre bouillie, c'est la même chose aussi. C'était ma façon pour que mes enfants goûtent à tout. Et il paraît que ça marche. Lors des soupers avec des amis, j'avais une certaine fierté que mes enfants mangeaient tout ce qu'on leur servait.

Puis, à tous les grands repas, comme le repas de fête, une fois chez mon père, toutes ces habitudes foutaient le camp. Mon père offrait des choix, des dizaines de choix à mes enfants: «Que veux-tu mon chéri, qu'aimerais-tu que grand-papa mette dans ton bol?» Alors, immanquablement, les soirées de célébrations tournaient un peu au vinaigre et mon père et moi on se laissait sur un froid entre Noël et le jour de l'An.

Et maintenant, j'ai presque l'âge de mon père, qui nous a quittés depuis des années déjà. Lors des repas, c'est moi qui veux offrir une panoplie de choix à mes enfants, et à mes petits-enfants. Et je réalise que ce que mon père faisait, ce n'était pas contre moi, contre ma façon d'élever mes enfants, mais le fait d'offrir plein de choix; c'était sa façon de démontrer sa tendresse, son amour à ses petits-enfants.

En repensant à ces années où mon père nous recevait, une brise de regrets m'envahit. Pardon, père, je ne comprenais pas. Je ne voyais qu'un angle de la vie, la mienne. Tu m'as ouvert les yeux et je te comprends maintenant qu'il y a plein d'angles différents; il suffit d'être ouvert pour le saisir. Je voulais que mes enfants soient ouverts pour la nourriture, mais moi-même je n'étais pas ouvert à ta façon d'aimer mes enfants.

Alors... je vous montre ici mon repas de Noël. En m'inspirant de mon père, une variété de choix. Tu veux-ci, prends ci, tu veux ça, prends ça, à la façon d'aimer de mon père. Et ce fut une fondue où on s'est laissé aller, chacun selon ses goûts personnels, le temps d'une célébration.

FondueNoelDeux bouillons pour la fondue. Le rouge, c'est un bouillon aux piments. Et l'autre, c'est pour ceux qui sont moins téméraires envers les feux de l'enfer du goût.

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Je recroise des fois des étudiants qui ont étudié par le passé avec moi dans ma classe de cuisine. Beaucoup vivent toujours avec leur passion de la cuisine dans ce merveilleux métier.

Il y en a d’autres qui ont décroché, et qui vivent avec des métiers connexes. J’en ai rencontré un, une fois, qui travaille maintenant chez Sami Fruit, un magasin-grossiste de fruits. Il a voulu m’éviter, peut-être qu’il est gêné de ne pas gagner sa vie avec le métier qu’il a appris avec moi. Je suis allé le voir et je lui ai dit qu’il n’y avait aucune gêne de ne pas pouvoir suivre ce métier exigeant. Des fois on a choisi la cuisine, mais la cuisine ne nous a pas choisi.

Ceux qui sont toujours dans le métier, il y en a qui sont contents de me croiser et sont fiers que je les appelle «chef», car effectivement ils sont des chefs maintenant, dans leurs restaurants. Je leur ai toujours dit que le jour où ils quitteraient ma classe, ils seraient mûrs pour être membres entiers et actifs du monde de la cuisine. Je ne les appelle jamais en public: «Ahhh c’est mon ex-étudiant !», car je considère que le jour où ils ont eu leur diplôme en cuisine, eux et moi, on a le même diplôme, donc théoriquement, on est d'égal à égal. Quelques-uns trouvent que mon raisonnement est débalancé car j’ai plus d’expérience qu’eux. Alors je leur réponds que oui, j’ai plus d’expérience, mais je sais déjà que trop, jusqu’où je peux me rendre dans ma carrière, tandis que vous, vous ne savez pas encore votre limite ou combien loin vous allez vous rendre. Et secrètement, ou des fois ouvertement, je leur souhaite à tous de me dépasser dans leur carrière en cuisine.

Il y en a parfois fois quelques-uns qui ont dit entre eux qu’ils n'avaient rien appris avec moi, car je ne suis juste qu’un chef-enseignant dans une école. Ils préfèrent bien mieux de dire ou inscrire dans leur CV que leur mentor c’est un tel ou une telle chef(fe) renommé(e) d’un restaurant connu.

Mais que ce soit que je suis bien présent dans leur esprit ou pas, que ce soit ceux avec une reconnaissance marquée ou ceux avec une reconnaissance bien légère, ce que vous tous ne pouvez pas m’enlever, c’est que lorsque vous avez eu votre premier baiser avec votre métier, comme le premier baiser amoureux, j’étais là avec vous pour vous guider sur comment tenir un couteau, comment faire votre première julienne, etc. La suite, dans votre histoire d’amour avec la cuisine, c’est à vous de l’aimer beaucoup, passionnément ou aveuglément, ça vous appartient. Mais comme tout bon parent ou de la part de votre vieil enseignant, je vous souhaite à tous le meilleur des bonheurs dans votre histoire d’amour (avec la cuisine).

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dimanche, 27 novembre 2022 12:56

Le Salon du livre

Je ne me souviens plus exactement du conte, mais ce dont je me souviens c'est qu'il s'agit d'un conte qui commence comme celui de Cendrillon. Est-ce cela sort du merveilleux imaginaire de Grimm, de Perrault ou de la comtesse de Ségur, je ne sais pas. Alors dans ce conte, il y a une belle jeune fille de famille modeste qui voulait assister au fameux bal d'un prince qui voulait trouver l'âme sœur. Arriva comme de raison une bonne fée généreuse qui transforma les souris en carrosse pour aller au château où se déroule le bal, qui changea des objets banals en une belle robe longue et de magnifiques souliers de bal. La belle jeune fille a finalement pu aller au bal, seulement elle devait rentrer à minuit, sinon la carrosse redeviendrait citrouille, etc. Vous devinez sûrement le portrait.

La soirée se passa tellement bien que la jeune fille a oublié de regarder l'heure. Alors à minuit moins une, elle a dû courir pour revenir chez elle, sinon c'était la cata. Et en descendant les marches du palais, elle a échappé un de ses souliers. C'est à partir d'ici que l'histoire diffère de celle de Cendrillon. Le prince a retrouvé le soulier abandonné et désespéré, il a ordonné à tous les cordonniers du pays de produire un soulier pour matcher le soulier qu'il a trouvé, parce que selon cette histoire, il fallait avoir la paire de souliers complète, matchée parfaitement, pour qu'il puisse alors retrouver sa bien-aimée. Mais comme de raison, c'était une paire de souliers magiques provenant de la fée, donc aucun cordonnier n'arrivait à faire un soulier digne pour matcher l'autre soulier. Donc, les cordonniers du pays devaient faire des milliers et des milliers de souliers jusqu'à la fin des temps, mais hélas, ça ne matcherait jamais l'autre soulier magique (j'ai comme un doute, en entendant ce conte, qu'il fut inventé par une agence de marketing ou de pub pour embellir l'histoire d'Adidas, de Clarks ou de Merrell).

Je suis présentement au Salon du livre de Montréal. En zieutant les livres de recettes et j'ai eu tout à coup l'inspiration pour continuer le conte de la belle jeune fille au soulier immatchable.

... Donc, la belle jeune fille, arrivée chez elle, à cause de tous ses efforts pour rentrer à temps chez elle selon les directives de la fée, tomba malade d'épuisement. Alitée, et amoureuse du prince, elle perdit l'appétit pour manger. La fée, bien au courant que le prince avait ordonné à tous les cordonniers du pays de fabriquer des milliers de souliers, regretta bien sa décision d'avoir fixé le deadline à minuit. Elle aurait pu dire minuit et quart et sa protégée ne serait pas tombée d'épuisement. Mais maintenant le mal était fait; comment faire pour sauver la belle jeune fille qui avait perdu son appétit et donc ne pouvait revenir au pays du prince pour enfiler la paire de souliers promise?

Alors la fée a ordonné à tous les cuisiniers et aux food-lovers de l'univers d'inventer des recettes qui seraient publiées en livres de recettes, en espérant qu'un beau jour il y aurait une recette qui pourrait ramener l'appétit de la belle jeune fille. C'est ainsi que dans les salons du livre, année après année, tous les Ricardo et cie de ce monde ont fabriqué des recettes, des recettes et des recettes, jusqu'à la fin des temps.

C'est pourquoi l'humanité dispose maintenant d'un nombre incalculable de livres de recettes que l'homme n'arrive jamais à toutes les faire dans sa cuisine. Et Ricardo et cie continuent encore à produire des livres, année après année, comme les cordonniers continuent à fabriquer le soulier manquant pour matcher la paire de souliers magiques. 

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Settimana della cucina italiana nel mondo (la Semaine de la cuisine italienne dans le monde) en est à sa 7e édition. C’est un événement qui se déroule dans tous les pays du monde, pour célébrer les traditions culinaires italiennes et la variété de son patrimoine gastronomique. À Montréal, la célébration phare de cette semaine italienne est certainement le souper gastronomique organisé par le Consulat général d'Italie et l'Institut culturel italien de Montréal, en collaboration avec l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ).

Le menu, conçu par le chef Tommaso Meililli, a su surprendre et conquérir le palais de tous les invités de la soirée. Avec la thématique « Ce n'est pas un pays pour sauces », les assiettes proposées s'inspiraient des recettes traditionnelles pour offrir une version végétarienne bien contemporaine. Ainsi le repas débutait avec un Cavolo Tonnato (Chou kale croustillant servi comme un vitello tonnato, avec une mayonnaise aux câpres). Par la suite, un Trompe-l'œil de Tripes. Ce ne sont pas des tripes, mais c'est une version revisitée avec de fines omelettes découpées et servies dans une sauce tomate à la menthe. Le plat principal proposait une courge rôtie avec une crème de parmesan, accompagnée d'un croustillant d'amaretti et une touche de mostrada. Venait ensuite un trio de fromages du Québec et finalement, comme dessert, un tiramisu perdu.

Ce souper gastronomique était concocté par les étudiants du chef Olivier Guiriec et servi avec soin par les étudiants en service et sommellerie des professeurs Thierry Pelven et Lianne Castravelli. Pour les convives présents, ceux qui étaient amoureux de la cuisine italienne, comme ceux qui le furent après ce dîner, ce fut une soirée inoubliable et certainement, on doit mettre sur-le-champ le rendez-vous de la Semaine de la cuisine italienne dans le monde de l'année 2023 dans son agenda pour ne pas rater un tel événement passionnant culinairement.

1Le menu

2L’honorable Liza Frulla, directrice générale de l'ITHQ

3Antipasto : Cavalo Tonnato

4Primo piatto : Trompe-l.oeil de Tripes

5Secondo piatto : La farce des raviolis de Mantoue

L'Insectarium de Montréal a misé sur le talent culinaire et la notoriété de chef Daniel Vézina pour inviter les gens à déguster des insectes comestibles. La boîte EntomoMiam, en vente bientôt à l'Insectarium, au Biodôme et au Jardin Botanique de Montréal, contient des produits sucrés et salés développés par chef Vézina, provenant de sauterelles, de ténébrions, de propolis d'abeille ou de grillons.

Au lancement de cette boîte, qui se veut être initiatrice à la gastronomie entomophile avec les médias, j'ai eu l'opportunité de goûter aux amandes rôties au sel de sauterelles parfumé à la lime, aux croustilles aux algues et aux ténébrions et aux palets sablés de grillons et de pacanes.

Un autre argument présenté par l'Insectarium est que les insectes comestibles peuvent faire partie des solutions pour une alimentation saine et responsable, car l'élevage d'insectes produit moins de CO2 et utilise beaucoup moins d'eau que la production de viande. Espérons que ce virage alimentaire obtiendra rapidement des succès chez les consommateurs.


La boîte EntomoMiam sera en vente à l’Insectarium, à la boutique du Jardin botanique et à celle du Biodôme à compter de début décembre au coût de 49$ l'unité. Le chef Daniel Vézina et ses comparses ont développé pour vous…

  • Amandes rôties au sel de sauterelles parfumé à la lime (Maison Pra);
  • Tapenade de tomates séchées aux ténébrions et bacon de mer (Restaurant Laurie Raphaël, TriCycle et Conserverie du Quartier);
  • Croustilles aux algues et ténébrions (Restaurant Laurie-Raphaël, TriCycle et Boulangerie Jarry); 
  • Pockys au propolis d’abeille à tremper dans le miel d’Anicet et les fleurs sauvages aux ténébrions (Miels d’Anicet); 
  • Palets sablés pacanes, grillons et champignons « candy cap » (Maison Pra); 
  • Truffes énergétiques aux bleuets séchés, graines de citrouille et ténébrions (Restaurant Laurie-Raphaël, TriCycle et Boulangerie Jarry).

Espace pour la vie vous convie à une expérience gastronomique sans pareil au Kiosque EntomoMiam de l’Insectarium situé dans l’aire de restauration Le Central. Dans une ambiance décontractée, découvrez les bienfaits de la gastronomie entomophile, obtenez des recettes à faire à la maison et dégustez gratuitement des bouchées gourmandes créées par le chef de renom Daniel Vézina, en collaboration avec des producteurs locaux.

Aire de restauration Le Central, 30 Sainte-Catherine Ouest, Montréal

Vendredi 4 novembre, de 16 h à 20 h
Samedi 5 novembre, de 12 h à 20 h

 

1Présentation de la boîte EntomoMiam

2Chef Daniel Vézina prépare des truffes énergétiques aux bleuets séchés, graines de citrouille et ténébrions sous les caméras attentives des médias

3Dégustation des amandes rôties au sel de sauterelles

4Gros plan d'une amande rôtie et d'une sauterelle

5Croustilles aux algues et ténébrions

dimanche, 18 septembre 2022 13:10

Mon nom : Huynh

Je suis arrivé au Québec il y a bien longtemps déjà. Au temps où il n'y avait pas encore plein de pharmacies-à-la-nguyen ou de dépanneurs asiatiques pour valider notre Lotto Max. Lorsque je suis arrivé ici, j'ai été bien impressionné par l'immensité du pays, et je voulais aller voir où s'arrêtaient les étendues de neige. Alors je me suis rendu jusqu'à Matane ou Percé et je crois bien que c'est la première fois que le monde en région découvrait ce dont a l'air un asiatique.

J'ai refait ma vie dans ma nouvelle terre d'accueil, le Québec, et je me suis fait des ami(e)s et parmi l'un d'eux, celle qui est devenue ma première blonde. Lorsqu'elle m'a présenté à son père et à sa mère, j'ai redouté qu'ils ne comprennent pas mon nom et qu'ils aient de la difficulté à le prononcer. Je m'efforçais à trouver un moyen pour mieux présenter mon nom et je sautais de joie lorsque j'ai découvert une chanson du répertoire traditionnel québécois : le Rapide Blanc d'Oscar Thiffault (allez sur YouTube pour redécouvrir cette célèbre chanson. Il y a aussi une version plus moderne par Beau Dommage).

Ainsi, la première fois que j'ai rencontré les parents de ma blonde: «Bonjour Monsieur Gilles, bonjour Madame Reine, mon nom est Cong-Bon Huynh et Huynh ça se prononce comme... et je me suis mis à chanter la toune de Le Rapide Blanc : «ll vient frapper à la porte, awing-nahan, awing-nahan-ha...». Alors Huynh, ça se prononce comme dans awing-nahan!

C'est comme ça que je me suis présenté et les parents de ma blonde ont tout de suite compris comment prononcer mon nom. Ils trouvaient que je n'avais pas pris de temps pour m'adapter à la culture québécoise et ils m'ont accueilli à bras ouverts, comme si j'avais frappé à leur porte. Comme c'est une explication simple et rapide pour mon nom, c'est alors devenu comme un réflexe quand je me présente à une nouvelle personne : «Bonjour mon nom est Huynh, comme dans awing-nahan.»

Les années passent...  Maintenant, avec mes classes d'élèves en cuisine, lorsque je me présente : «Bonjour, je suis chef Cong-Bon Huynh, comme awing-nahan.» Ce que je reçois comme réactions en retour, ce sont de gros yeux incompréhensifs de leur part et je les entends penser «Yo man, c'est quoi ce vieux chef chinois un peu cinglé?». Et en constatant la situation, même si je sors un violon et je chante la toune Le Rapide Blanc en dansant country, ils ne vont pas plus comprendre le awing-nahan.

Alors, maintenant lorsque je vois la liste des noms des élèves de ma classe avec la plupart des noms aussi complexes à prononcer comme le mien, je me rajuste en me présentant avec une touche de culture neutre, en m'inspirant de Star Wars: «Bonjour à vous, ma classe, mon nom est chef Huynh, et Huynh ça se prononce comme Obi-Huynh Kenobi!»

Mes élèves partent à rire instantanément et j'en profite pour leur préciser immédiatement la matière en cuisine: «Oui, chef Huynh, comme Obi-Huynh Kenobi, j'ai un sabre laser et gare à celui qui a l'intention d'aller dans le côté obscur en s'absentant ou en étant en retard aux cours!»

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