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Sommes-nous comme une chaise, une table de restaurant?

Sommes-nous comme une chaise, une table de restaurant?

Avec la pandémie, pour plusieurs ou la majorité, le temps s'est arrêté. C'est particulièrement vrai pour les gens de la restauration. Un arrêt d'un an, ou plus, selon la situation de chacun. Cependant, on annonce de bonnes nouvelles pour les prochains jours ou semaines.

Quand ça va repartir, une question cependant me chicote beaucoup. Est-ce que, comme la table, la chaise d'un resto qui sont remisées et quand on le ressort après 1 an, ce sera simplement pareil, c'est la même table, c'est la même chaise comme avant la pandémie, avant la fermeture? Ou bien, chacun de nous comme le vin, on a mûri avec le temps, ou encore avec le temps, on devient moins bon comme un ingrédient qui vieillit mal?

Je crois bien que oui, on n'est pas une table ou une chaise qui ne change pas. Le temps a un effet sur chacun, surtout avec les contraintes auxquelels la société en entier a dû se soumettre. La violence sur les médias sociaux pendant la crise, les théories qui divisent le monde, l'intolérance envers ceux qui ne pensent pas pareil ou qui pensent pareil pour le bien commun... Tout ça, forcément, fait qu'on n'est peut-être pas pareil comme on était avant la pandémie. Et cela va se refléter dans notre comportement envers le monde. Un client qui est exigeant, un voisin de bar qui exprime son opinion trop personnelle, etc. Je crois alors qu'on va réagir bien différemment qu'on était avant la pandémie. Les relations humaines, et dieu sait que dans la restauration c'est surtout les relations humaines, elles seront très différentes. Seront-nous plus empathiques, ou moins empathiques? Plus tolérants, ou moins tolérants? Va-t-on écouter paisiblement des opinions différentes ou aura-t-on la mèche courte lors d'une discussion dans un resto, au bar, ou même dans notre cuisine avec nos collègues?

Cette question me chicote vraiment beaucoup. Et moi, eh non, je ne suis plus la même personne après cette pandémie qui m'a forcé à réfléchir sur la vie, sur le bien-être, sur le bonheur, sur la tolérance, sur les privations et bien sûr, sur la mort aussi.

Cependant, une chose n'est pas changé en moi... Quand je serai au bar prochainement avec ma bière, ma capacité de verser ma bière dans mon verre restera intacte, cette capacité de verser le volume nécessaire de bière avec la broue juste à la limite sans que ça déborde du verre. Ce réflexe de buveur bière professionnel qui sait jauger la réaction physique de déploiement de broue juste à la limite de la grandeur du verre de bière... Cette capacité, ce talent de ne pas déborder la broue du verre de bière, il est parfaitement intact comme avant la pandémie.

Cong-Bon Huynh
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#seulaubaravecunebière

À propos de l' auteur

Il a été chef exécutif, chef corporatif, et maintenant chef enseignant. Mais il préfère se présenter tout simplement comme un cuisinier. Car pour lui, c'est le vrai titre pour quelqu'un qui vit avec la passion de la cuisine, dans son sens le plus large qui allie l'action de se nourrir avec les dimensions culturelles et sociologiques. Maîtrisant la cuisine occidentale aussi bien que la cuisine orientale, il est depuis les 15 dernières années, enseignant dans différentes grandes écoles hôtelières à Montréal, s'occupant minutieusement de la relève pour la cuisine au Québec. Lire la suite...