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La fraise et la betterave

La fraise et la betterave

La fraise, avec sa couleur rouge écarlate, quand on la mange, quelquefois on l’écrase sans le faire exprès, mais sa couleur rouge ne tache pas nos doigts. Rincée à l’eau, elle, la couleur rouge part sans laisser de traces sans insistance. Il en est ainsi avec plusieurs autres fruits ou légumes, comme l’avocat avec sa belle couleur verte ou l’ananas avec sa couleur jaune espérance.

La betterave, quant à elle, insiste pour rester sur nos doigts ou notre peau quand on la travaille sans gants, mains nues. Ses traces de couleur mauve, pourpre ou violette semblent s’incruster sur nos mains et ne veulent absolument pas quitter… C’est selon elle, la betterave, sa destinée, sa volonté, son vouloir.

Les histoires de couple, qui se forment et qui se quittent : certains sortent de la vie de l’autre, comme une belle période déjà passée, de couleur fraise, avocat ou ananas et lâchent prise sans laisser de traces. D’autres, brutalement insistants, adoptent la fermeté de la betterave, amère et qui tache sans penser aux conséquences. Ils empirent la situation déjà malheureuse par des reproches appuyés, ou pire, des agissements sous l’émotion, pensant pouvoir retourner et refaire le passé par ces gestes peu réfléchis.

Ils ne savent possiblement pas qu’une simple et douce déclaration pourrait être aussi foudroyante et convaincante, comme : « Moi je suis resté le même. Celui qui croyait que tu l’aimais. C’était pas vrai. N’en parlons plus. Et la vie continue.»

C’est Joe Dassin qui a écrit ces paroles dans sa chanson : « Ça va pas changer le monde ». Lui, il a su que la fraise, à sa façon, peut tatouer autant que la betterave, en affichant qu’elle aime l’autre, même si elle est partie ailleurs et le fait qu’elle soit ailleurs, elle ne serait pas plus heureuse, car il n’y aurait personne pouvant l’aimer autant.

Et découvrir cela plus tard dans le temps est une vengeance bien plus puissante que toute violence émotive du moment.

Cong-Bon Huynh
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#seulaubaravecunebière

À propos de l' auteur

Il a été chef exécutif, chef corporatif, et maintenant chef enseignant. Mais il préfère se présenter tout simplement comme un cuisinier. Car pour lui, c'est le vrai titre pour quelqu'un qui vit avec la passion de la cuisine, dans son sens le plus large qui allie l'action de se nourrir avec les dimensions culturelles et sociologiques. Maîtrisant la cuisine occidentale aussi bien que la cuisine orientale, il est depuis les 15 dernières années, enseignant dans différentes grandes écoles hôtelières à Montréal, s'occupant minutieusement de la relève pour la cuisine au Québec. Lire la suite...