Dans cet article, je vous présente la suite des classiques, car ce sont des vignobles importants dont les produits sont en partie disponibles au Québec. Je vous encourage à les essayer afin de découvrir les vins qui répondent à vos goûts en fonction de votre portefeuille. Tous les vins proposés sont secs et de style français. Ils sont équilibrés (acidité/taux de sucre) et le bois, lorsque présent, est bien intégré.
Carte par M-J Gobeil
Reyneke Organic
Mon admiration pour le travail de Johan Reyneke n’est pas un secret pour ceux qui me connaissent. J’adore ses vins, sa philosophie, son engagement écologique et humain, bref, je suis une vraie fan. Reyneke est le premier producteur d’Afrique du Sud à être certifié biodynamique. Ici, évidemment, il n’y a pas de pesticide, d’insecticide ou d’herbicide. On travaille la terre, on recycle les matériaux et l’eau, on composte, bref, on travaille très, très fort. Ce vigneron est non seulement engagé dans la protection de l’environnement, il accorde priorité à la transmission des connaissances et au soutien de ces employés. Il a également créé une cuvée disponible au Québec, Cornerstone, dont les recettes servent à aider les employés du domaine et leurs familles et assurer l’accès à l’éducation pour leurs enfants. Le mot qui le représente le mieux est équilibre, parce qu’en biodynamie tout est une question d’harmonie.
Tous ses vins sont à découvrir. Je vous recommande de les essayer en fonction de vos goûts et de votre budget. Personnellement, celui qui m’a fait tomber en amour avec le domaine est le Reyneke Reserve Sauvignon blanc (env. 45 $, épuisés pour l’instant à la SAQ). L’équilibre entre le fruit, l’intensité des arômes et l’acidité y est parfaite. À l’attaque, il présente des notes végétales de type asperges fraîches. Son fruit, tout en subtilité, rappelle d’excellents Sancerres. Il termine sur une belle fraîcheur et est très long en bouche. Ce grand sauvignon peut accompagner n’importe quel plat, mais je dois dire qu’il est tellement savoureux qu’on oublie parfois de manger. En attendant de le retrouver sur nos tablettes, procurez-vous l’autre sauvignon blanc de Reneyke encore disponible (code SAQ :13316961, 29 $) ou encore son Organic Chenin Blanc (code SAQ : 14221242 19.95$). Ils sont vraiment excellents.
Raats Family Wines
Ma rencontre avec Bruwer Raats fut des plus intéressante. Ce vigneron de stature imposante, timide au premier abord, se révèle être un homme chaleureux et accueillant. Passionné des sols, il m’a d’emblée présenté son terroir en terme géologique. La composition des sols de ses différentes parcelles, c’est sa carte d’affaire. Son terroir, il le connait bien et a su planter les cépages adaptés. Par manque de temps, je n’ai malheureusement pas eu la chance de visiter le domaine et les chais, mais j’ai dégusté ses vins avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. Évidemment, Raats fait lui aussi de la viticulture raisonnée.
Bruwer Raats est un grand amateur de chenin blanc et de cabernet franc. Tous ses vins sont bons mais ce sont ces cabernets francs m’ont complètement séduite. Raats offre plusieurs cuvées dont chacune a son style, mais le fruit et l’élégance sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit, de vraies bombes de saveurs. Le Raats Family Cabernet Franc n’est pas en stock actuellement, mais on croise les doigts pour le voir revenir sur nos tablettes sous peu (env. 40 $). Un vin complexe et long en bouche, avec des tannins souples. Il débute sur les petits fruits noirs, tels que la mûre et le cassis, puis évolue vers des arômes de garrigue. Ce mélange d’épices et de notes végétales rend ce vin unique et charmant. Je le recommande sans hésiter. Mentionnons également son cabernet franc Dolomites, un excellent rapport qualité/prix qui ferait un malheur au Québec. Espérons le voir arriver sur nos tablettes au plus vite.
Si tous les produits de Raats ne sont pas disponibles au Québec, vous pouvez toutefois vous procurer le Raats Original Chenin Blanc, 2018 (22,85 $), un autre excellent rapport qualité/prix. Un vin frais et tranchant aux arômes de lime et de kiwi. On note également un soupçon d’ananas et de pomme. Ce vin sec est parfait pour l’apéro.
Rust & Vreda, qui veut dire repos et paix en afrikaans est un magnifique domaine familial établi il y a plus de 300 ans au pied de la montagne Helderberg. Depuis 1977, le vignoble se concentre surtout sur la culture de la syrah, du cabernet sauvignon et du merlot. Ses produits sont aujourd’hui primés sur la scène internationale.
J’ai eu le plaisir de découvrir les lieux avec la directrice de l’accueil Ronda Daniel. Pour elle, c’est l’héritage patrimonial qui définit le mieux le domaine. En effet, l’influence hollandaise est bien présente. On peut y admirer les typiques bâtiments blanchis à la chaux, entendre les employés et la clientèle parler afrikaans et déguster des « cooked sisters », dessert traditionnel fait de pâte frite et de sirop.
Le domaine dispose de deux excellents restaurants, et ses jardins sont magnifiques. C’est l’un des meilleurs endroits où dîner dans la région. Les chais et la cave sont aussi spectaculaires que le site lui-même. La vallée bénéficie de la brise rafraîchissante de False Bay, ce qui évite la maturation excessive des raisins et permet de créer des vins élégants.
Certains vins rouges de Rust & Vreda sont de classiques assemblages bordelais, complexes et puissants. Ils présentent des arômes de prune, de mûre, de boîte à cigare et de cuir. Ils ont une belle acidité et leurs tannins vont définitivement s’affiner avec le temps. Si vous aimez le Bordeaux, vous serez ravis. Ces vins accompagnent à merveille la côte de bœuf. Plusieurs sont disponibles à la SAQ (environ 44 $ pour le Blend Estate).
Rust & Vreda produit des syrahs qui n’ont rien à envier aux vins de la vallée du Rhône. Le Estate Vineyard Syrah que j’ai particulièrement apprécié est disponible à la SAQ au prix de 29,45 $. Un vin soigné et facile à boire même en jeunesse, sans sacrifier la richesse des arômes typiques de violette, de poivre noir et de cerise. Ce vin agréable bénéficie d’un passage en carafe et accompagne bien un carré d’agneau. Il fera un malheur lors de nos barbecues cet été !
De Trafford
Établi en 1976 par David et Rita Trafford, le domaine familial est niché dans la vallée Blaauwklippen (Blue Cliffs) que j’ai habitée. Cette vallée est abritée par les montagnes Helderberg et Stellenbosch qui façonnent de superbes paysages.
Pendant des décennies, les vignobles devaient respecter des quotas, si bien que les Trafford n’ont pu produire réellement avant 1992. Ils ont donc profité de cette période pour développer leurs connaissances, notamment en collaborant avec des vignerons français dont certains de la région de Bordeaux. Ils ont d’abord cultivé du chenin blanc, du cabernet sauvignon et du merlot. Puis s’est ajoutée la syrah. Selon David Trafford, ce qui les définit le mieux c’est le souci du détail. En effet, ce domaine familial produit de petites quantités, mais ses vins sont de qualité remarquable.
L’excellent Sijnn (qui se prononce comme «Sane» en anglais) en est un exemple. Cultivé dans une autre région, celle de Malgas, beaucoup plus à l’est, à 15 km des côtes de l’océan indien. Sijnn est un vin d’assemblage dominé par la syrah, le touriga nacional et le mourvèdre. Un vin rouge doté d’une bonne structure, d’arômes de cerises, d’épices avec quelques notes animales. Un vin qui gagnera à vieillir quelques années (33,25 $ à la SAQ).
J’ai apprécié autant leurs chenins blancs que leurs syrahs. Tous les vins présentés sont bien équilibrés, secs et agréables à boire. Deux vins en particulier ont retenu mon attention D’abord le chenin blanc 2018, un vin tranchant et minéral, citronné à l’attaque et suivi de fragrances d’abricot et de miel. Ce vin est doté d’une belle longueur. Bien qu’il ne soit pas encore sur nos tablettes, vous pouvez trouver un autre blanc d’assemblage pour 34 $ (code SAQ 12688498) qui est très intéressant aussi. Ce dernier est un blanc d’assemblage de chenin blanc, viognier et roussane. On y découvre les notes de pêches, de miel et de petites fleurs blanches.
Toutes leurs syrah méritent notre attention mais j’en profite pour vous parler du Blue Print Syrah 393. Ce vin est cultivé à 393 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur une des parcelles les plus élevées dans la vallée, ce qui assure aux raisins plus de fraîcheur. Une syrah puissante aux arômes de fruits noirs et d’épices qui présente une belle minéralité à l’attaque. Ce vin élégant au beau potentiel de garde mérite toute notre attention, en espérant le voir arriver un jour à la SAQ. En attendant, essayer les vins de Trafford avec leurs belles étiquettes réalisées par Rita Trafford, une artiste accomplie de la région, vous risquez d’y découvrir de vrais petits trésors.
Rupert and Rothschild
Situé à Franschhoek, Rupert and Rothschild est le plus classique, le plus chic et le plus élégant des domaines que j’ai visités. Il rappelle d’ailleurs certains domaines bordelais, avec une touche hollandaise. Le partenariat entre Anton Rupert et le baron Edmond de Rothschild remonte à 1997. Les deux familles se sont associées pour créer un domaine d’exception qui produit des rouges de style bordelais ainsi qu’un excellent chardonnay.
Baronness Nadine 2018 est un chardonnay sec, frais et minéral, avec quelques notes toastées. Très agréable à l’apéro, ce vin rappelle un bon chablis. Il peut facilement accompagner divers plats (mais malheureusement, il n’est pas encore disponible à la SAQ).
Le Classique 2016, quant à lui, est un assemblage à 50 % merlot, 35 % cabernet sauvignon et 15 % cabernet franc. Un très bon vin aux tannins souples, avec des arômes dominants de cerise noire et de pruneau (disponible à la SAQ à 25,45 $). Ces vins bénéficieront d’un peu de temps pour développer des arômes complexes.
Bochendal
Situé dans la merveilleuse vallée de Franschhoek, Bochendal est un autre domaine bien connu des Québécois qui offre une gamme de vins d’excellente qualité pour tous les budgets. Il abrite non seulement un terroir viticole, mais aussi une ferme établie en 1685. C’est toute la biodiversité de la région qui est célébrée sur ce domaine.
As recently as five years ago, Boschendal was in a state of ruin and disrepair employing fewer than 50 people. Five years later and with the help of committed investment, Boschendal is revitalizing and is proud to employ 550 people. We planted 600 000 new fruit trees and commenced an ambitious regenerative agriculture project to restore our soil ecology.
En effet, on y élève des bœufs Angus, des cochons et des poulets afin de créer une biodiversité ce qui contribue à régénérer les sols. L’impressionnant domaine possède près de 600 espèces de Fynbos, un buisson local qui dégage un parfum de garrigue et un potager adjacent au restaurant The Werf, qui propose un excellent menu. La philosophie du domaine et ses hauts standards de qualité s’expriment dans les moindres détails.
J’ai beaucoup apprécié leur vin mousseux Boschendal Brut (51 % chardonnay, 49 % pinot noir/8 g de sucre résiduel). Il débute sur des arômes de citron, suivi de notes légèrement briochées et florales. Un mousseux avec une belle acidité aux bulles fines et crémeuses (25 $ à la SAQ).
La belle surprise de la dégustation a toutefois été le cinsault Pardonnez-moi (avec Marie-Antoinette sur l’étiquette), un vin nature d’une belle acidité qui porte sur le fruit rouge légèrement iodé. Ce beau vin de soif frais et agréable est à boire en jeunesse. En espérant le voir arriver sur nos tablettes, car son excellent rapport qualité-prix pourrait en faire la prochaine sensation.
Le chenin blanc Old Wines Limited Edition de la Bernard Series (en collaboration avec Bellingham’s wine) est lui aussi fort intéressant. Plus porté sur les fruits exotiques, tels que la mangue et le fruit de la passion, ce vin boisé plaira aux amateurs de vins plus gras et généreux (26,35 $ à la SAQ).
Taaibosch
Enfin, Taaibosch, un domaine qui n’a pas encore commercialisé son premier millésime. Le domaine est entièrement biologique et produit des vins rouges haut de gamme de style bordelais, très élégants.
L’œnologue Schalk-Willem Joubert (à gauche) est un grand passionné qui juge ses vins honnêtes et authentiques. J’ai eu le plaisir de goûter son cabernet franc 2019, et je crois qu’il a un excellent potentiel. Ce sera vin de soif vraiment élégant, doté d’une belle structure aux arômes de fruit rouges et d’épices. À noter que les arômes typiques de poivron vert présent dans le cabernet franc ne dominent pas l’ensemble. Quelle agence saura s’emparer de ce producteur afin de nous faire découvrir ses vins au Québec?
En conclusion, voici plusieurs domaines qui méritent votre attention, alors prenez le temps de les déguster et trouver ceux qui répondent le mieux à votre budget et à votre palais. Pour plus d’information, rendez-vous sur leurs sites web respectifs.
Taiibosh (aucun agent au Québec) n’a pas de site web. Le premier millésime n’est pas encore en vente, mais les vins que j’ai goûtés sont très prometteurs.