jeudi 25 avril 2024
PKP se prononce sur le projet de loi visant le changement de statut de La Presse

PKP se prononce sur le projet de loi visant le changement de statut de La Presse

La volonté de transformer La Presse en OBNL est un «subterfuge» qui permettra à Power Corporation de se départir du quotidien à peu de frais après un «échec patent» estime le président de Québecor, Pierre Karl Péladeau.

«Est-ce que les parlementaires sont véritablement prêts à donner un chèque en blanc – excusez-moi, un chèque de 50 millions$ – pour que Power [Corporation] paie pour se débarrasser de La Presse ?», a-t-il demandé mercredi soir à la commission parlementaire chargée d’étudier le projet de loi qui permettra au quotidien montréalais de changer de mains.

Pierre Karl Péladeau a notamment dénoncé le fait que la pièce législative soit étudiée «à la sauvette» en une seule journée d’audiences parlementaires mercredi.

Puisque Power Corporation n’a pas dévoilé les états financiers de La Presse, les élus ne savent pas si le nouveau modèle d’affaires permettra au quotidien de survivre, a-t-il notamment souligné. Les 50 millions$ proposés par Power Corporation pour assurer la transition de La Presse en OBNL ne représentent que 89 000$ par employés, a-t-il souligné. Or, quand le quotidien a fermé ses presses, les employés ont reçu cinq ans de salaire.

«Si les mêmes hypothèses étaient retenues dans le cas présent, ce n’est pas 50 millions$ que ça coûterait à La Presse, c’est 275 [millions$]», souligne le patron de Québecor, notamment propriétaire du Journal.

«Échec patent»

«Alors, vous comprenez que se débarrasser de La Presse pour 50 millions$, c’est une très bonne affaire pour les actionnaires de Power [Corporation] et la famille Desmarais», a ajouté Pierre Karl Péladeau.

Pour ce dernier, le changement de statut demandé aujourd’hui par La Presse est le résultat de mauvaises décisions d’affaires. «Aujourd’hui, nous sommes obligés de constater que La Presse, c’est un échec patent, affirme-t-il. Et c’est une illustration de l’incompétence de la direction.»

En conséquence, ses dirigeants demandent maintenant «aux contribuables et aux citoyens de prendre la place des actionnaires de Power Corporation pour financer les pertes d’exploitation de ce média», a ajouté le patron de Québecor, disant y voir une possible «concurrence déloyale».

Indépendance

De plus, le nouveau modèle d’affaires de La Presse, qui comptera notamment sur des dons et de l’aide gouvernementale, pourrait mettre à mal l’indépendance du média, croit le patron de Québecor.

«Parce que si Bell Canada donne 100 000$ ou 200 000$ à La Presse, pensez-vous que les journalistes – qui font en général un très bon travail – vont être aussi attentif à dénoncer les pratiques de Bell Canada en matière de télécommunication?», a-t-il illustré.

Le passage de Pierre Karl Péladeau en commission parlementaire a notamment été marqué par des échanges corsés avec la ministre de la Culture, Marie Montpetit, qui souhaitait savoir si le patron de Québecor accepterait que les parlementaires l’empêchent de vendre son entreprise. Ce à quoi Pierre Karl Péladeau a répondu qu’il s’agissait là d’une question hypothétique.

Source: TVA Nouvelles du 6 juin 2018