mercredi 24 avril 2024
Le vin, un investissement qui vaut de l’or

Le vin, un investissement qui vaut de l’or

C’est l’un des trésors français : l’art du bon vin, reconnu dans le monde entier comme le reflet de la diversité des terroirs de l’Hexagone. Une richesse qui vaut de l’or et qui peut faire gagner beaucoup d’argent aux investisseurs… qui s’y connaissent.

Château Margaux, Yquem, Petrus, Romanée-Conti… Ces noms de grands vins mondialement célèbres fleurent bon l’excellence du terroir français et peuvent rapporter gros.

En 2007-2008, la crise financière crée un vent de panique chez les investisseurs du monde entier. Le vin, considéré comme une valeur refuge, au même titre que l’or où l’immobilier, devient un des placements à la mode. Depuis, la flambée continue sur le marché, avec des rendements impressionnants : en dix ans, tandis que le CAC40 perdait 22 %, l’indice Winedex 100 du site Idealwine (2e site mondial d’enchères du vin, qui regroupe les 105 valeurs les plus échangées sur son marché des vins de Bordeaux, Bourgogne et Rhône), grimpait, lui, de 124 %.

Les millionnaires chinois, notamment, se font de plus en plus nombreux, et de plus en plus friands des vins de l’Hexagone. Ainsi, le Lafite-Rotschild (Pauillac), un temps considéré comme « le moins prestigieux des premiers » crus, est devenu la coqueluche des palais chinois. Entre 1990 et 2010, sa cote est montée de… plus de 2 800 %.

Vendre sa cave

Un investissement visiblement très rentable, dans lequel on peut se lancer avec « peu » de moyens (certaines caisses à bon potentiel se vendent quelques centaines d’euros), mais qui n’est pas accessible à n’importe qui : « Le profil type du vendeur sur le marché des vins chers est celui d’un grand amateur, dont les goûts ont évolué, analyse Elsa Ginestet, rédactrice du site. Par exemple, après des années à consommer les vins de Bordeaux, il souhaite vendre son stock pour renouveler sa cave avec des bourgognes. Les plus belles plus-values sont le fait de ceux qui ont acheté les vins qu’ils aimaient, qu’ils avaient envie de boire, plutôt que des investisseurs. »

Plus de 17 000 € la bouteille

Et là, ça peut être le jackpot. En novembre, lors d’une vente aux enchères, une bouteille de Romanée-Conti de 2000 a été adjugée à 17 146 €. « Ce type de bouteille est souvent acheté dans des caisses panachées de 12 bouteilles, avec d’autres millésimes, pour environ 7 000 €. Mais, achetée seule en 2003, elle valait très probablement moins de 3 000 € », estime Elsa Ginestet.

Le risque, pour ceux qui n’y connaissent rien, c’est de se tourner vers des noms connus, à la mode, déjà très chers et qui risquent de peu évoluer. Pour bien s’y retrouver, encore faut-il connaître « l’apogée » d’un vin, au terme de laquelle il baissera, les régions, les goûts des investisseurs étrangers, avoir du « nez » pour trouver le vin qui va monter… Une jungle que le site déconseille aux néophytes : « Nous recommandons de toute façon de ne pas investir plus de 5 % de son patrimoine, voire 10 % pour un connaisseur, cela doit rester un plaisir. »

Une fois le vin acheté, encore faut-il le conserver dans de bonnes conditions, avec une cave naturelle ou électrique : « C’est la condition sine qua none. Nous expertisons les vins avant les enchères. » Une bouteille mal gardée, avec des changements de températures ou une mauvaise hygrométrie, et c’est la catastrophe assurée, l’étiquette faisant foi.

Pour ceux qui n’ont pas la place, certains sites proposent de véritables caves bunkerisées où sont stockées des milliers de bouteilles de particuliers. Les acheteurs ont la possibilité d’acheter et vendre leurs millésimes, sans jamais se lever de leurs fauteuils, sur internet.

Attention aux vendeurs de rêve

L’un des autres avantages du vin, c’est qu’avant son apogée, il gagne toujours de la valeur. Les baisses sont rares, et souvent liées à de gros changements dans le domaine. Dans cette atmosphère aux perspectives enivrantes, les sites internet vantant les vertus miracles des placements sur le vin ont fait florès… en promettant des taux miracles de rendements mirobolants.

L’autorité des marchés financiers (AMF, contactée sans succès à de multiples reprises), suite à la loi Sapin II de décembre 2016, a publié une liste noire de sites spécialisés, « à titre de mise en garde des épargnants », précise-t-elle sur son site, et de rappeler « qu’il n’existe pas de rendement élevé sans risque élevé ».

Pour ceux qui souhaiteraient tout de même tenter l’aventure de l’investissement dans le vin, Elsa Ginestet conseille de se tourner vers « des valeurs sûres, avec une bonne valeur de garde, dans les rouges de Bordeaux ou de Bourgogne, des vins que l’on laisse vieillir au moins cinq ans avant de les revendre ». Pas nécessairement les plus connus ou les plus chers, ajoute-t-elle, « mais plutôt des trouvailles achetées sur place, dans les domaines. L’important reste de s’informer et de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il existe aussi des petites pépites, peu connues, par exemple dans les vins de Loire, sur lesquelles on peut tenter un coup. »

Source: Ouest-France, édition du soir, le 20 avril 2018