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La turbulence des accords commerciaux a marqué l’actualité agricole en 2017

La turbulence des accords commerciaux a marqué l’actualité agricole en 2017

La turbulence des accords commerciaux a marqué l’actualité agricole au Québec au cours de la dernière année. Les positions de Donald Trump ont plus d’une fois provoqué des secousses qui ont emballé les sismographes.

Selon Daniel-Mercier Gouin, professeur en agroéconomie à l’Université Laval, il est difficile de passer à côté de ces enjeux colossaux. Le système de gestion de l’offre a été attaqué de tous bords, malgré une ferme volonté des négociateurs canadiens de ne pas céder sur cet enjeu.

«Chaque fois que l’on négocie un accord de commerce, tous les pays ont des intérêts défensifs et offensifs. Le Canada en agriculture est offensif sur tout, sauf pour les produits sous gestion de l’offre. D’un accord de commerce à l’autre, dans le jeu de la négociation, ils finissent toujours par en laisser aller un petit morceau», a souligné M. Gouin. 

Dans le cas de l’accord de libre-échange avec l’Europe, c’est 17 700 tonnes de fromage qui ont été concédées, et la pression continue de s’exercer sur le marché. «La négociation du Partenariat transpacifique est repartie sans les Américains et les Néo-Zélandais, et les Australiens ont un intérêt vis-à-vis notre marché laitier.»

L’efficacité, le nerf de la guerre

Dans la rétrospective de fin d’année, M. Gouin souligne la tenue du Sommet sur l’alimentation qui a été mené à terme après une série de rencontres préparatoires.

«Il y a des engagements qui ont été définis, mais il en manque un à mon avis qui est lié au développement des capacités de gestion aussi bien des producteurs agricoles que des dirigeants de PME en agroalimentaire.»

«Dans un monde de plus en plus complexe, pour certains tout à fait ouvert sur le marché international, le nerf de la guerre c’est l’efficacité, et cela passe par les capacités de gestion.»

Entre une bouchée de dinde et une tranche de bûche à l’érable, il serait bon de se rappeler que l’industrie agroalimentaire représente le plus grand secteur économique du Québec en matière d’emplois.

En effet, près de 500 000 personnes y travaillent, ce qui représente près de 10 % de l’emploi total au Québec, en plus de retombées de près de 35 milliards $. À eux seuls, les producteurs de lait du Québec ont investi près de 500 millions $ l’an dernier pour agrandir et moderniser leurs installations pour faire face à l’augmentation de la demande qui s’est élevée à 20 % en deux ans, au Canada.

Le paradis à la porte

L’année 2017 a débuté sur les chapeaux de roues par la nomination inattendue du ministre Laurent Lessard à l’Agriculture, une situation qui se voulait temporaire au début, mais qui est vite devenue permanente à la suite de l’exclusion de Pierre Paradis du caucus libéral. Ce changement a été accueilli favorablement dans le milieu.

L'odeur du printemps

En mai, le producteur laitier Michel Fabry déverse 12 000 litres de purin devant les bureaux de l’UPA, à Longueuil. Accusé de méfaits, il récolte la sympathie d’autres producteurs qui se mobilisent pour payer ses frais d’avocat. La situation de M. Fabry lève le voile sur les conditions des producteurs au Québec, qui sont deux fois plus nombreux à souffrir de détresse psychologique.

Pas touche à ma terre

L’histoire de Jean-Luc Laplante, un producteur laitier de Saint-Germain-de-Kamouraska, attire l’attention sur la financiarisation des terres agricoles. Le modèle de Pangea est pointé du doigt, mais c’est surtout la participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Fonds de solidarité FTQ qui est indigeste pour Marcel Groleau, président de l’UPA. «C’est vos impôts qui servent à compétitionner les producteurs agricoles», a-t-il lancé au dernier congrès.

Taxes foncières agricoles

Abandon de la réforme Paradis sur la taxe foncière en agriculture. On ne s’entend pas sur les effets de la réforme. Dans les étables, la colère gronde. De 2007 à 2016, les augmentations nettes que les producteurs ont assumées en taxes foncières avec les nouveaux rôles d’évaluation sont passées de 39 millions $ à plus de 60 millions $, selon l’UPA. D’ici 2020, ce chiffre pourrait atteindre les 112 millions $. Le dossier n’est pas clos.

Plusieurs ambitions au sommet

Le Sommet sur l’alimentation a pris fin à Québec, en novembre, présidé par le premier ministre du Québec en personne. La province s’en va vers l’adoption de sa première politique bioalimentaire. Il en ressort quatre engagements: augmenter les exportations de 6 milliards G$ par année, augmenter de 10 milliards $ le contenu québécois dans les produits achetés au Québec, doubler les superficies en culture biologique et accroître les investissements en production et en transformation agricoles.

Source: Lou White, via TVA Nouvelles du 28 décembre 2017