mercredi 24 avril 2024
En Floride, la plus faible récolte d'oranges depuis 1945

En Floride, la plus faible récolte d'oranges depuis 1945

L'ouragan Irma qui a frappé la Floride en septembre a fortement bousculé les célèbres oranges de la région, déjà menacées par la «maladie du dragon jaune», et la récolte de cet hiver devrait être la plus faible depuis 1945.

Selon les dernières prévisions du ministère américain de l'Agriculture (USDA) publiées mi-décembre, la Floride devrait au total produire 46 millions de cartons ou 2,07 millions de tonnes, soit un tiers de moins que la saison dernière.

Les vents de l'ouragan ont violemment secoué les arbres et entre 30% et 70% des orangers ont perdu des fruits; dans certaines zones jusqu'à 90% de la récolte a été perdue. Les inondations ont aussi abîmé les racines.

«Il faudra peut-être des mois aux producteurs pour évaluer l'impact réel de l'ouragan Irma et des années pour s'en remettre complètement», estime Shelley Rossetter, porte-parole de l'agence responsable de l'industrie des agrumes dans cet État côtier du sud-est des États-Unis.

Les orangers de Floride ne sont pas les seuls à avoir subi cette année les assauts de la nature.

L'incendie «Thomas», considéré comme le plus important de l'histoire de la Californie, a ainsi touché des comtés au nord de Los Angeles où se concentrent des vergers produisant avocats et citrons.

Sur les 1900 hectares d'avocatiers compris dans le périmètre du feu encore en cours, plusieurs centaines avaient été brûlés en milieu de semaine dernière, selon Ken Melban de la Commission californienne de l'avocat.

«C'est un incendie très inhabituel, qui repasse plusieurs fois sur certaines zones», souligne-t-il auprès de l'AFP pour expliquer pourquoi il est encore difficile d'évaluer les conséquences sur le terrain.

Si les dommages sont douloureux pour les agriculteurs touchés, l'industrie n'est toutefois, selon lui, pas mise en péril puisque les vergers d'avocatiers représentent au total 21 500 hectares dans l'ensemble de la Californie. Les prix ne devraient pas exploser, car la production manquante pourra être aisément compensée par les importations.

La situation est différente en Floride où l'industrie des agrumes, qui représente dans l'État 45 000 emplois et lui rapporte 8,6 milliards de dollars par an, se débattait déjà avant l'ouragan Irma avec une bactérie venue d'Asie.

Officiellement baptisée «huanglongbing» ou «HLB», mais également connue sous le nom de «maladie du dragon jaune», elle est transmise par les insectes, fait jaunir les feuilles et rend les fruits petits et amers.

La production d'oranges en Floride, qui à son pic en 1998 atteignait 244 millions de cartons, est descendue l'an dernier à 67 millions.

Malgré les efforts des experts, aucun remède n'a pour l'instant été trouvé.

Quatre pistes principales sont actuellement étudiées: empêcher la propagation de la maladie, réduire sa présence dans les arbres, renforcer la santé des orangers et maintenir la qualité du fruit. Cela passe entre autres par le développement d'orangers résistant à la bactérie via les nouvelles technologies de modifications génétiques ou les méthodes traditionnelles de croisement.

«Grâce aux efforts du secteur dans sa bataille contre la maladie du dragon jaune, on commençait enfin à voir la situation s'améliorer», remarque Mme Rossetter.

Après le passage de l'ouragan Irma, «sans le soutien des instances fédérales et locales, certains producteurs pourraient déclarer faillite», prévient-elle.

Les oranges de Floride, dont environ 90% servent à faire du jus, sont d'autant plus vulnérables que les Américains se détournent de plus en plus de cette boisson pour des alternatives plus exotiques ou moins sucrées.

En seulement quatre ans, la consommation de jus d'orange frais aux États-Unis a ainsi baissé de 18% en volume, selon le cabinet Nielsen.

Parallèlement, la compétition en provenance de l'étranger s'accentue. Les producteurs de fruits et légumes de Floride sont ainsi parmi les plus fervents partisans d'une remise à plat de l'accord de libre-échange nord-américain Aléna qui a vu déferler aux États-Unis les produits de leurs concurrents mexicains.

La production de jus d'orange brésilien, après un coup de mou en 2016, devrait aussi, selon l'USDA, augmenter de 55% cette année, grâce notamment à une météo favorable.

Source: Lou White, via TVA Nouvelles du 24 décembre 2017