vendredi 29 mars 2024
Les vins vegans pour les nuls

Les vins vegans pour les nuls

Le mode de vie "vegan" gagne des adeptes et de la notoriété depuis plusieurs années, et on voit ça et là des producteurs de vin revendiquer le label vegan pour leurs bouteilles. On fait le point sur ce que ça veut dire et ce que ça implique.

Une des sources utilisées pour la rédaction de cet articles est le Guide Brachet des Vins Vegan et Végétaliens, de Claire Brachet, à paraître ce mois d'août 2017 aux éditions La Plage. Outre des informations sur ces vins et leur élaboration, il recense 50 producteurs français, certifiés ou non, et détaille les méthodes de production de leurs vins, avec des idées d'accords mets et vins.

La clef du vin vegan : pas de produit d'origine animale

L'étape principale où des produits d'origine animale sont utilisés est celle du collage. On colle les vins pour le clarifier et le stabiliser, et les colles fréquemment utilisées sont : la colle de poisson (issue de la vessie natatoire des poissons), l'albumine (issue du blanc d'oeuf), les gélatines (issues du collagène de peaux de porc et/ou d'os de bovin), ainsi que des colles minérales (bentonite, sol de silice), des colles de synthèse, voire des colles végétales (à partir d'algues).

Pour faire du vin vegan, il faut donc soit utiliser une colle qui ne soit pas d'origine animale, soit ne pas coller les vins.

Levurer le vin est-il vegan ?

Question subsidiaire soulevée par le Guide Brachet : si on part d'un principe que le vin vegan est un vin "100% raisin", quid des levures ? Les levures indigènes sont déjà présentes sur le raisin, et permettent la fermentation : ajouter des levures de synthèse, quelqu'en soit l'origine, revient à ajouter un intrant, donc le vin n'est plus "100% raisin".

Cependant, en soi, les levures ne proviennent pas de l'exploitation d'animaux, un vin levuré peut donc être vegan (de même que l'on trouve des bières vegan).

Vin vegan et labour à cheval

Le sujet reste une grande source d'étonnement et de questionnement pour nous : labourer à cheval, ça n'est pas vegan.

Il s'agit de l'exploitation d'un animal, qui n'a pas demandé à être là, et qu'on utiliser pour travailler à la vigne. La vigne vegan se travaille donc au tracteur.

A ce sujet, Claire Brachet explique : "Certains domaines sélectionnés emploient des animaux, le plus souvent un cheval pour les labours. J'ai souhaité les inclure ici car il s'agit d'une démarche pleinement engagée dans une valorisation de la décroissance et d'une coexistence entre animaux (non-humains et humains) plus sereine. Sachant que ce point peut heurter la conscience vegan, cette information est clairement mentionnée sur chaque fiche afin que vous puissiez faire un choix cohérent en fonction de vos opinions."

Si la question du labour paraît réglée, reste à savoir si un vigneron peut faire désherber ses vignes en tout début de printemps par un troupeau de brebis et moutons (considérant que, laissés seuls dans la vigne, ces animaux iront effectivement brouter l'herbe présente, mais qu'ils n'iraient pas spontanément dans la vigne si un berger ne les y menait)...

Le vin nature est-il vegan, et réciproquement ?

Absence d'intrant animal, d'exploitation animale... Mais les labels vegan peuvent autoriser les OGM (tant qu'ils ne sont pas issus de cellules animales), imposent le travail au tracteur (quitte à tasser les sols outre mesure), et permettent de faire plus ou moins tout ce qu'on veut sur le plan chimique, à condition qu'aucun animal n'en souffre (si ce n'est que les pesticides et insecticides sont a priori autorisés). Entre autres, ça veut aussi dire carte blanche sur l'ajout de soufre.

L'aspect philosophique du mode de vie vegan pousserait à consommer plutôt des vins "nature", mais en pratique bon nombre de vins natures sont loin d'être vegan (toujours la question du labour à cheval), et rien n'impose à un vin vegan d'être nature.

Qui fait du vin vegan en France ?

D'après le Guide Brachet, 12 vins en France sont aujourd'hui labellisés Vegan, mais le guide recense davantage de domaines produisant des vins sans produit d'origine animale, et n'utilisant pas d'animaux sur les terres.

  • Antoine Arena - Corse
  • Château Barouillet - Bergerac
  • Château Feely - Bergerac
  • Château Flotis - Fronton
  • Château Vent d'Autan - Cahors
  • Clos des Mourres - Côtes du Rhône
  • Clos du Tue-Boeuf - Loire
  • Domaine Christian Binner - Alsace
  • Domaine Coquelicot - Périgord
  • Domaine de Brin - Gaillac
  • Domaine de Dame Bertrande - Côtes de Duras
  • Domaine des Amiel - Languedoc
  • Domaine des Côtes Rousses - Savoie
  • Domaine du Mortier - Loire
  • Domaine Gramenon - Côtes du Rhône
  • Domaine Jean-Baptiste Senat - Minervois
  • Domaine Ozil - Rhône
  • Domaine Philippe Gilbert - Menetou-Salon
  • Domaine Pibarot - Languedoc
  • Domaine Pierre Frick - Alsace
  • Domaine Pignier - Jura
  • Domaine Rietsch - Alsace
  • Domaine Terres Georges - Minervois
  • Gilles et Catherine Vergé - Bourgogne
  • Jonc-Blanc - Bergerac
  • Le petit domaine - Languedoc
  • Le picatier - Loire
  • Mas de l'Escarida - Rhône
  • Mas des Chimères - Languedoc
  • Mont de Marie - Languedoc
  • Sarnin-Berrux - Bourgogne
  • Sylvain Bock - Rhône

Source: Lou White, via La feuille de vigne du 25 juillet 2017

NOTE DE L'ÉDITEUR

Le titre est certes provocateur, mais j'avoue que je me posais les mêmes interrogations sur cette nouvelle tendance.

Donc, au lieu d'utiliser le cheval dans les vignes, on va utiliser le tracteur... qui va polluer l'atmosphère. Tout n'est que de Gros Bon Sens.