vendredi 19 avril 2024
Un nouveau type de fraude menace les entreprises

Un nouveau type de fraude menace les entreprises

Un nouveau stratagème de fraude électronique pourrait carrément faire fermer des entreprises québécoises, craint la SQ. Déjà trois d’entre elles ont mordu à l’hameçon et se sont fait dérober 8 M$.

La dangereuse arnaque repose sur un logiciel en apparence banal qui est envoyé aux responsables des finances des compagnies. Une fois installé dans l’ordinateur, le système permet aux escrocs, qui prétendent être des experts bancaires, de vider les comptes en une fraction de seconde.

Jusqu’à présent, les autorités n’ont aucune idée à qui ils ont affaire.

Trois entreprises, basées en Abitibi, en Mauricie et sur la Rive-Sud de Montréal, se sont fait avoir depuis le début du mois de mai. À elles seules, elles se sont fait dérober 8 millions $. Leur avenir s’en trouve hypothéqué.

Une quatrième tentative a été faite dans un bureau de Québec, mais elle a échoué grâce à la vigilance de leur banque (voir autre texte).

Potentiel de dommages

Les autorités n’ont pas divulgué les noms des entreprises victimes pour leur éviter davantage de problèmes.

Pour le capitaine Alain Gaulin, du service des enquêtes sur l’intégrité de l’économie à la Sûreté du Québec (SQ), ce tout nouveau subterfuge électronique a le potentiel de faire énormément de dommages si davantage d’entreprises tombent dans le panneau.

Dans la majorité des cas, les victimes risquent de ne pas être dédommagées par leurs institutions bancaires puisque celles-ci n’ont aucun lien direct avec le crime.

«C’est dangereux, et c’est sûr qu’il y a des risques de faillite pour les entreprises qui mordent à l’hameçon», a assuré le capitaine Gaulin.

Comme l’enquête sur ce nouveau type de fraude n’en est qu’à ses balbutiements, les autorités ne détiennent que très peu d’informations sur le ou les responsables.

Chose certaine, le crime semble avoir été minutieusement élaboré.

«Ils sont très habiles, a précisé le capitaine Gaulin. Ils ont adopté le langage des institutions financières et ça les rend crédibles. D’après mon expérience, les fraudeurs vont tester leur façon de faire à l’avance jusqu’à ce que quelqu’un morde et ils vont adopter des phrases types. Dans des perquisitions antérieures, j’ai déjà vu des textes préparés, des scénarios pensés pour chaque situation.»

Si la ruse ne cible pas d’industrie ni de région en particulier, elle semble toutefois se concentrer uniquement sur les PME.

Grande menace

Cette nouvelle escroquerie n’est pas sans rappeler la fraude de type président, qui avait permis à des escrocs de soutirer 23 M$ à 14 entreprises québécoises, de 2014 à 2016.

La majorité des victimes n’avaient pas pu se remettre d’une si grande perte et avaient dû déclarer faillite.

La nouvelle tactique est encore plus menaçante, croit Alain Gaulin. Le capitaine, qui a dédié les 22 dernières années de sa vie aux crimes financiers, craint même que la fraude s’étende bientôt aux organismes publics.

♦ Toute information pertinente à l’enquête peut être transmise à la SQ en composant le 1 800 659-4264.

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Source: Le Journal de Montréal du 21 juin 2017