jeudi 28 mars 2024

Magnifique Bourgogne vinicole

La Bourgogne est une des régions vinicoles françaises les plus fascinantes, elle est située dans le Centre-est de la France entre Dijon et Lyon et a une longueur de 250 km.

francois labbe

François Labet porte-parole de la Bourgogne

R.H. – On peut dire qu’à votre naissance, François Labet, vous avez reçu le baiser de Bacchus. Votre destin est impressionnant. Vous venez d’une famille identifiée à la vigne depuis mille quatre-cent-quatre-vingt-dix, votre grand-père à été maire de Beaune, un des hauts lieux de la Bourgogne vinicole. Les Labet possèdent des domaines dans les régions les plus prestigieuses, le Château de la Tour à Clos de Vougeot et le Domaine Pierre Labet à Beaune. Vous êtes un expert dans les vins biologiques depuis 1992, et vous n’utilisez aucun additif dans le processus de création de vos vins. En 2006, vous avez reçu le titre de Chevalier du Mérite Agricole pour votre excellence en vinification.
F.L. – Je suis comme la plupart des vignerons bourguignons, l’héritier d’une longue lignée. Chez nous les propriétaires de vignobles cultivent leur bout de jardin et essayent d’en tirer la substantifique moelle. Donc la démarche de la viticulture biologique c’est une démarche scientifique et naturelle. Nous ne sommes pas les propriétaires du sol, nous l’empruntons à nos parents et nous espérons le transmettre à nos enfants. Il faut traiter la terre avec respect, donc pourquoi utiliser du désherbant alors qu’on peut s’en passer, pourquoi utiliser des produits chimiques de synthèse alors qu’ils ne sont pas indispensables, c’est un challenge à l’anglaise. Certes c’est un peu risqué parce que la nature est capricieuse, on a de belles années ensoleillées, puis des années plus difficiles, avec de l’humidité donc de la pourriture, mais le jeu en vaut la chandelle. La viticulture bio permet de produire des fruits qui eux vont produire des vins très précis, très équilibrés pour le plus grand plaisir des gens qui vont déboucher les bouteilles. C’est le seul jugement qui nous importe.

R.H. – Et un bénéfice pour la santé.
F.L. – Évidemment, aujourd’hui on est harcelé de tous côtés par des choses qui ne nous plaisent pas.

R.H. – Vous êtes tellement reconnu en France que vous avez été nommé conseiller en commerce extérieur auprès du Premier ministre français, pour l’exportation du vin.
F.L. – J’ai effectivement été nommé en 2003 Conseiller du Commerce extérieur de la France, comme personnalité experte en commerce du vin à l’internationale. C’est une fonction qui n’en est pas une complètement. Je fais du reporting sur ce que je vois à l’extérieur, sur la perception des vins, et sur une certaine idée de la commercialisation des vins français. L’exportation des vins est importante et nous essayons de nous positionner le mieux possible.

R.H. – Quels sont les chiffres ?
F.L. – La France est un pays historique quant à la production du vin. Il se produit en France 1 milliard 8 cent millions de bouteilles. Dont il s’exporte une bonne moitié de ce volume.

R.H. – Et la Bourgogne ?
F.L. – La Bourgogne est une microrégion. Vous disiez dans votre introduction que la Bourgogne fait 250 kilomètres de long. Là on parle de la région géographique et administrative, mais en Bourgogne il y a des tâches de vin. On commence à Chablis à 150 kilomètres de Paris, et puis il n’y a plus de vignes pendant 150 kilomètres et ensuite on attaque la Côte de Nuits, puis la Côte de Beaune, puis la Côte Chalonnaise et finalement le Mâconnais. C’est le début de cette épine dorsale qui descend jusqu’à la Méditerranée, avec une mosaïque de sols extraordinaires qui nous permet d’avoir une multitude de vins. La Bourgogne c’est seulement 3% de la production française. C’est microscopique en termes de volume, c’est beaucoup plus de 3% au niveau de la réputation.
R.H. – La surface des vignes en Bourgogne représente 29 500 hectares, dont 27 000 en AOC. Quels sont les principaux cépages cultivés ?
F.L. – Avec différents niveaux d’appellation que l’on peut reprendre, qui sont aussi bien des appellations de vins blancs issus principalement de Chardonnay. Le Chardonnay est un cépage vraiment bourguignon. Je dis toujours à mes amis Américains que Chardonnay n’est pas un lieu-dit de Napa Valley, c’est un village à côte de Macon qui s’appelle Chardonnay, c’est vraiment le berceau. En rouge le cépage principal qui donne ces vins si formidables de qualité et d’élégance, c’est le Pinot Noir qui est aussi originaire de notre région.

Nous avons tout un tas d’appellations de façon générique, de façon Villages, de façon Premier cru et Grand cru tout cela avec une production de 193 millions de bouteilles c'est-à-dire peu à l’échelle de la production mondiale. Cela explique pourquoi de temps en temps on a du mal à trouver telle ou telle bouteille, et pourquoi telle ou telle bouteille est à un prix qu’on peut trouver élevé aussi.

bourgogne carte

R.H. – Nous nous perdons parfois dans la complexité des appellations du vignoble bourguignon.
F.L. – 33 grands crus qui représentent 2% de surface, c'est-à-dire 2% de 27 000 hectares, c'est-à-dire rien et des grands crus qu’on connaît ou dont on a entendu parler comme Le Montrachet, comme la Romanée-Conti, comme Chablis Grand Cru, comme Clos-Vougeot. Et à un niveau immédiatement en dessous Premier Cru, c'est-à-dire que les noms portent le nom du village dont ils sont issus, et avec une mention spécifique d’un climat, le climat c’est le lieu-dit, le nom de la parcelle dont ils sont originaires. Notre vignoble n’est pas né de la dernière pluie, notre vignoble a deux mille ans d’existence. En deux mille ans on a eu le temps de voir les choses, d’isoler les meilleurs terroirs, de les marquer, de les façonner. C’est en fait toute l’histoire de la Bourgogne à travers les Gallo-romains, et puis les moines, les moines de Cluny et de Cîteaux qui sont les premiers à avoir mis en valeur ce vignoble vers l’an mille, non pas hier, mais il y a quelques années. Le terroir bourguignon est la somme de trois principales choses, tout d’abord le sol et le sous-sol, de sueur et de sang, parce que l’homme et la femme – la femme qui est très présente au niveau du vignoble – et que ce sont les hommes et les femmes qui l’ont façonné ce sol, qui ont enlevé les pierres une à une et qui l’ont rendu cultivable.

R.H. – Et qui ont dû le rebâtir plusieurs fois parce que vous avez eu des guerres terribles et des maladies qui l’ont détruit et avec beaucoup de courage vous avez recommencé à cultiver, en cherchant toujours une qualité exceptionnelle.
F.L. – Le vigneron bourguignon c’est un formidable cultivateur et les vignes de Bourgogne sont tenues et conduites comme des jardins, où il n’y a pas un brin d’herbe qui dépasse.

R.H. – Il y a des vignobles qui sont tout petits, moins d’un hectare.
F.L. – Effectivement, un des Grands crus, la Romanée, qui a donné son nom au village Vosnes-Romanée, fait moins d’un hectare, à peine plus grand que votre jardin, c’est 8 000 mètres carrés.

R.H. – Mon jardin est encore plus petit. Vous étiez récemment le Porte-parole pour un événement qui nous a beaucoup impressionnés à Montréal : Terroirs et signatures de Bourgogne 2011 où 35 producteurs se sont déplacés jusqu’ici, pour nous faire déguster plus de 200 vins.
F.L. – Le marché canadien est important pour la Bourgogne, c’est le cinquième marché en volume et en valeur. La province de Québec est la plus importante avec plus de 60% des importations de Bourgogne. Cela représente à peu près quatre millions de bouteilles. Donc en partenariat avec la Société des Alcools, le Bureau International des vins de Bourgogne, de façon quasiment biennale, organise des dégustations pour permettre aux prescripteurs de venir se rendre compte de la bonne qualité des vins et de parler avec les gens qui les font. C’est même essentiel, les vins reflètent la personnalité de celui ou de ceux qui l’ont fait. On ne peut qu’inciter vos lecteurs à venir nous voir. Je rappelle que nous ne sommes qu’à une heure quarante en train de Paris, et qu’on peut faire un aller-retour dans la journée.

R.H. – Je crois que cela vaut la peine de rester, en plus votre gastronomie est renommée. Lorsqu’on fait le voyage à partir de Montréal et qu’on traverse l’océan ce n’est pas pour une journée. J’invite les lecteurs à y aller en vacances et de se complaire à découvrir et déguster les mets et les vins qui sont si merveilleux.

Après avoir dégusté quelques bonnes bouteilles de vins de Bourgogne, nous nous sommes quittés en frères.

Je vous donne les coordonnées :
Monsieur François Labet
Château de La Tour
Clos de Vougeot
21 640 Vougeot, France
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
http://www.chateaudelatour.com

et de la responsable pour l’organisation de Terroirs et signatures de Bourgogne :
Stéphanie Panneton
Fleishman-Hillard Inc.
3575, St-Laurent, Bureau 200
Montréal, Québec
H2X 2T7
Téléphone: 514-866-6776, poste 320
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
www.fleishman.ca


Roger Huet
Chroniqueur et animateur de radio
Président du Club des Joyeux.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

À propos de l' auteur

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...