mercredi 24 avril 2024

La truffe et les vins de Beni Di Batasiolo

On fait parfois des rencontres épatantes. L’autre jour nous étions réunis avec quelques amis dans le restaurant italien Primo-Segundo de La Petite Italie. Il y avait Fiorenzo Dogliani, Ricardo March, Giuseppe Virzi et quelques bons amis montréalais, autour d’une table où trônaient des bouteilles de Beni di Batasiolo et une extraordinaire truffe blanche de la taille de ma main qui embaumait l’air.

fiorenzo dogliani

Fiorenzo Dogliani

Nous avons demandé à Fiorenzo de nous raconter ses débuts à la propriété à la Morra, où son produit maintenant les vins Beni di Batasiolo.

«Dans les années cinquante», nous a-t-il dit, «ma famille a acheté le domaine de la Morra en plein cœur du Barolo, dans le Piémont. Les premières années n’ont pas été faciles. Les vignerons vendaient leur vin en vrac aux négociants qui leur payaient des prix de misère. À la campagne nous avions toujours de quoi manger mais l’argent était rare. Bien que toute la famille trimait dur dans les champs et au chai, nous connaissions des fins de mois difficiles.

Les jeunes n’étions pas malheureux pour autant. Souvent le dimanche nous allions à la mer avec des copains. Dans ce temps là les jeunes filles ne sortaient avec les garçons qu’après avoir passé par l’église. Alors entre copains nous apportions quelques bonnes bouteilles, puis il y avait les touristes. Dans une de ces sorties j’ai rencontré une dame qui prenait quelques jours de vacances. Je lui ai fait goûter à mon vin et elle est restée totalement charmée».

Fiorentino, ne nous a pas dit qu’il était jeune et sans doute joli garçon ce qui ne gâtait rien. Nous avons lu dans ses yeux que la dame n’était pas mal non plus; mais laissons-le continuer :

«La dame m’a raconté qu’elle avait deux restaurants à Milan et que si j’allais la voir, elle m’achèterait mon vin.

Je rêvais d’aller à Milan, mais je n’osais pas le dire à mon père. Dans ce temps-là l’autorité paternelle était très grande et papa Antonio n’aimait pas que ses fils s’absentent de la propriété car nous manquions de bras. Alors je me suis confié à ma mère qui m’a permis de partir en cachette avec notre petite voiture et quelques caisses de vin. Mon amie Milanaise a été ravie de me revoir et a appelé tous ses amis restaurateurs pour leur faire goûter notre vin, et tous m’ont passé des commandes à cinq fois le prix que nous payait le négociant!

Lorsque je suis revenu à la ferme, pendant le dîner mon père m’a dit : «j’ai remarqué que la voiture n’était pas là hier» Alors je lui ai raconté mon escapade et je lui ai dit que j’avais reçu un nombre impressionnant de commandes à un très bon prix.

-Ah, m’a dit mon père, tu as vendu… et où est l’argent?

Je lui ai expliqué que je serai payé à la livraison.

-Il faut voir pour le croire, a finalement conclu mon père et m’a permis d’aller livrer mes bouteilles à Milan.

Au début nos bouteilles n’avaient pas d’étiquette. Un simple papier disait la provenance et le cépage.»

Depuis ce jour Fiorenzo s’est mis a vendre ses vins dans la région milanaise et la famille a connu la prospérité.

À partir de 1978 la propriété s’est étendue à sept domaines dans les meilleurs secteurs pour la culture du Nebbiolo. Aujourd'hui, les Frères Dogliani ont neuf “domaines” remarquables et la propriété atteint les 100 hectares, ce qui est énorme pour le Piémont. Leur Grand Domaine du Barolo comprend les terroirs de Briccolina, Boscareto, Cerequio, Bofani, Batasiolo, Tantesi, Bricco di Barolo, Zonchetta et Morino.

Trois ingrédients ont crée la prospérité du domaine: tout d’abord l’inébranlable unité des Dogliani, ensuite le respect de la vigne et finalement l’immense qualité de leurs vins.

Il y avait beaucoup de choses intéressantes à ce repas au Primo-Segundo, Comme premier plat Fiorenzo a demandé des pâtes, cuites à point avec seulement du beurre. Par-dessus, la truffe a été râpée généreusement sur les assiettes. C’était un régal!

la truffe blanche

Comme plat de résistance on nous a apporté des assiettes de viande épaisse, tendre, cuite à point, sur lesquelles la Truffe blanche a été râpée jusqu’au dernier morceau. Mais le plus remarquable c’était les vins rouges, trois merveilles : le Beni di Batasiolo Langue DOC un assemblage de Dolcetto, Barbera et Nebbiolo. Les cépages sont cueillis séparément, lorsqu’ils sont murs. Les vins sont élevés séparément par cépages dans des petites barriques, pendant neuf mois, ensuite ils sont assemblés en un seul vin qui repose de 3 à 6 mois en bouteille avant d’être vendu.

La robe est rouge tirant vers à le violet. Bouquet fruité de mûres et de cerises, et un goût délicat, frais, fruité et rond avec une finale élégante.

La deuxième bouteille était le Beni di Batasiolo Barolo DOCG 100% Nebbiolo, avec ses sous-variétés de Michet, Lampia et Rosé. La vinification de ce vin se fait par une longue macération de 15 jours avec les peaux, suivie d’une fermentation malolactique. Le vin est ensuite élevé en barriques de chêne slovène pendant deux ans et se repose pendant quatre mois en bouteille avant d’être mis en marché.

Il a une couleur rubis foncé qui vire vers le rouge brique avec le temps. Bouquet intense, avec des notes d’épices et de fruits secs qui se décline avec finesse dans le palais et dans le nez. En bouche il est sec, complexe, élégant, austère et velouté.

Le troisième bouteille était un Beni di Batasiolo Barolo DOCG. Un vin 100% Barolo produit dans le célèbre vignoble Cerequio à La Morra qui est considéré comme le plus historique du Barolo.

Le raisin macère pendant dix jours avec sa peau, suivie d’une fermentation alcoolique, et d’une maturation dans des barriques de chêne slovène pendant deux ans pendant laquelle a lieu la fermentation malolactique. Le vin se repose ensuite pendant 10 mois avant d’être vendu. Belle robe grenat; bouquet de pétale de roses et d’épices avec des touches de tabac, de menthe et de chocolat. En bouche bel équilibre, des arômes de cerise et une finale d’une finesse remarquable.

Je vais marquer ce jour heureux sur mon calendrier, d’une pierre blanche.

Roger Huet
Chroniqueur et animateur de Littérature et Gourmandise au 91,3FM tous les samedis midi.

Voici les vins Beni di Batasiolo disponibles à la Société des Alcools du Québec :

VINS BENI di BATASIOLO à la SAQ
10221552 : Barolo Cerequio 2004 : $49.00
10856777 : Barolo 2006 : $26.80 ( 180 cs à venir Fin-novembre )
00327064 : Chardonnay Langhe 2008 : $15.75 ( 175 cs libérées)
00611251 : Langhe Rosso 2008 : $16.10
103663221 : Muscatel Tardi 2006 : $29.00 ( SAQ Signature )
10814631 : Barolo Vigneto Bolani estate 2005 : $106.00 (Magnums à être libérés)
11318348 : Grappa di Docetto : $54.50 ( 25 cs à venir Signature )
11383609 : Barolo Boscareto 2005 : $56.75 ( 100 cs libérés sous peu)
10856751 : Barbera d'Alba Sovrana 2007 : $20.20 ( 75 cs à venir)

Agent pour le Québec
Luc Provencher, Directeur Division Vins Fins / Communications
Charton Hobbs, Québec
514 353 8955 Ext : 358
514 799 0524 Portable
www.chartonhobbs.com

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À propos de l' auteur

Roger Huet - Chroniqueur vins et Président du Club des Joyeux
Québécois d’origine sud-américaine, Roger Huet apporte au monde du vin sa grande curiosité et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Il considère la vie comme un voyage, de la naissance à la mort. Un voyage où chaque jour heureux est un gain, chaque jour malheureux un gâchis. Lire la suite...