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Plaisirs et Lumières

En plein dans l’esprit du vin, j’ai eu le bonheur de passer une soirée conviviale et spéciale a la fois, au restaurant Globe avec l’équipe de l’agence Vintrinsec. Ils nous présentaient quelques produits de la maison Willamette Valley Vineyards, d’Oregon. A l’origine un projet étudiant, la maison est aujourd’hui un des plus gros joueurs de cet état! Pour nous présenter ces produits, le vinificateur Don Crank a partagé avec nous, un repas conçu par le chef  Jean-Francois Baril.

D’entrée de jeu, le Globe est un endroit qui personnifie  les mots Montréal en lumières. Dès l’accueil chaleureux et classe, de l’entrée jusqu'à la table, on sent qu’on entre dans l’univers du glamour Montréalais. Les dames qui assurent le service semblent toutes sortir d’une édition de Vogue (et elles sourient, en prime!), la lumière est douce, le décor sobre mais design, et les clients qui portent des vêtements griffés (et les bijoux qui vont avec), contribuent a nous sortir du quotidien.

Les conversations aux tables, discrètement joyeuses pour la plupart, sont alimentées par les bouteilles de champagne et les verres de martinis. Quelques couples blasés se font face, chacun le nez rivé sur la dernière version du IPhone. En sourdine, un DJ qui n’est pas encore réchauffé, nous force à tendre l’oreille pour percevoir les notes de chansons de Dalida ou de France Gall. Il montera considérablement le volume à mesure que la soirée avancera.

Revenons à notre tablée, ou le riesling vient d’être versé dans nos verres. Issu du millésime 2008, (qui est un des meilleurs de ces 20 dernières années!), il a d’indéniables liens de parenté avec ses cousins allemands. C’est un jovial demi-doux passablement aromatique, qui commence à offrir des petites notes de kérosène en plus de sa salade de fruits mûrs.

Quelques amuse-gueules nous furent servis a tour de rôle, en accompagnement, par de charmants mais parfois distraits serveurs qui oublièrent de me servir a deux reprises. Si le ceviche de pétoncle et surtout l’huître fraîche rehaussés d’un trait de citron se mariaient avec plaisir avec le vin, offrir tartare et tataki de viande rouge me sembla un peu moins judicieux. M. Crank, qui avec sa courte barbe et ses lunettes, a l’air d’un sympathique ourson scientifique (ce qu’il est d’ailleurs, avec son diplôme en biochimie!) nous régala de quelques anecdotes sur les aléas de traverser la frontière avec de nombreuses bouteilles. Une belle soirée prenait son envol.

Pour accompagner une salade de crabe des neiges saucée de mayonnaise au cari vert et parsemée de jicama en juliennes (Ça ressemble a un navet, mais c’est doux), on nous a servi un pinot gris 2008. J’avoue que je suis un grand fan de pinot gris, mais surtout quand il est parfumé comme en Alsace ou parfois dans le Nouveau-Monde. Le pinot grigio me laisse beaucoup plus froid. La version de M. Crank se situe un peu entre les deux styles. Discrètement aromatique mais avec une certaine consistance grâce à l’ajout de 8% de pinot blanc, il se révéla certes plaisant, mais sans être vraiment  mis en valeur. Il sera par contre très agréable sur une terrasse à Nice ou Malibu.

Vint le moment de passer aux choses plus sérieuses : on allait goûter a différents pinots noirs et voir la variété de personnalités des vins de Villamette Valley Vineyards. On nous a servi côte a côte le Willamette pinot noir et le pinot noir Estate. Les deux sont élaborés avec des raisins venant de trois différentes parcelles. Le premier vin est assez simple mais facile et bien agréable a boire surtout si vous aimez les notes un peu boisées. Disponible à la SAQ, il est typé dans ses arômes. Le second demandait à s’ouvrir un peu avant d’être apprécié. Il montrait une finesse certaine dans sa retenue. Sur le menu, l’entrée de cavatelli (genre de délicieux mini gnocchi), porcini et maitake (champignon aussi « connu » sous le nom de poule des bois, ou de polypore en touffes!) semblait un coup sûr avec le pinot noir; ce ne fut pas tout a fait le cas… Si mes pâtes étaient nappées d’une crème aux champignons, il n’y en avait aucun dans mon assiette, contrairement à certains de mes voisins. Les agréables arômes doucement boisés de la sauce faussaient un peu avec une note aigrelette, comme si les champignons avaient marinés dans un vinaigre qui, c’est quand même plutôt connu, n’est vraiment pas le meilleur ami du vin. Bref, j’avais un sourcil qui commençait à se relever tout seul…

En plat principal, le chef proposait un carré de cerf braisé sur un coussin de purée de patate douce, nappé d’une sauce à la poire-cactus. Sortant les gros canons, le directeur de Vintrinsec, François Blouin, nous a présenté avec intérêt et passion, deux pinots noirs issus de deux terroirs particuliers : South Block et Fuller. Dès le premier nez, mon cœur s’excita avec le South Block, mais il oublia de battre une ou deux secondes avec le Fuller! La bouteille de près de $100 ne me semblait pas nette. Pas bouchonnée, mais ça ne sentait pas vraiment le pinot. On s’informa auprès de notre expert, M. Crank, qui confirma un peu de volatile…Quelle déception, puisque très peu de bouteilles existent, donc on a manqué un peu la chance de goûter  toute sa splendeur. Avec la viande sans sauce, le vin se révéla quand même fort intéressant en bouche. Avec la sauce, le South Block était délicieux! Avec la viande trempée dans la sauce, aucun des deux ne brillaient… Mais, je dois vraiment souligner le plaisir que me donna cet aromatique et séduisant South Block.

Je me croyais prêt a jurer fidélité au South Block, quand François nous sorti une bouteille de Estate 2004. Oups! Et un autre coup de foudre! Élégant, capiteux, velouté et soyeux a la fois. Si vous mettez la main sur un Estate 2008, il faut donc l’oublier un bon bout dans votre cellier pour être renversé par la finesse de son évolution. Une très belle expérience!

Pour dessert, un délectable petit carré de gâteau au chocolat sans farine, avec une fort discrète crème anglaise à la banane nous était servi avec un verre de Neige. Les deux ne finiront jamais la nuit ensemble, mais étaient bien agréables dégustés séparément.

En conclusion, je me trouve un peu effronté, et j’espère que je ne serai pas barré du Globe, mais je dois admettre que, si j’ai vraiment apprécié le personnel et l’atmosphère, (gulp!) je ne peux pas dire que la cuisine m’a emballé. Non pas que ce soit mauvais ou grossier, bien au contraire, mais je ne suis pas parti en me disant wow! C’est très honnête, mais avec tout le souci du détail tant dans le décor qu’avec le personnel, je m’attendais a une coche de plus.

Ceci dit, pour une soirée extravagante et luxueuse entre amis ou pour épater des relations d’affaires, j’y retournerais avec plaisir…si on veut bien me laisser entrer!

Un énorme merci au Festival Montréal en Lumières, au Globe, à l’équipe de Vintrinsec (Fançois, Anne-Marie et Martin) de même qu’à Mr Don Crank, de Willamette Valley Vineyards, pour cet exquis jeudi soir.

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Sommelier-conseil
VINS CONSEIL
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À propos de l' auteur

Diplômé sommelier-conseil de l’Université du vin de Suze-La Rousse, en France, j’ai commencé mon apprentissage du monde vinicole en suivant les cours Les Connaisseurs de la SAQ. Aujourd’hui, j’en suis devenu un animateur! Chroniqueur vins et alcools dans diverses publications, dont le magazine Fugues, je parcoure la planète pour mettre images et visages sur ces produits qui me font vivre tant d’émotions.